L'été dernier, le réalisateur égyptien Morad Mostafa a concouru avec son court métrage « Eissa » à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes, après que ses courts métrages aient participé à une liste de grands festivals internationaux, dont Clermont Ferrand, Locarno, Londres et Palm Springs. Morad Mostafa visite Berlin pour la première fois pour participer à la Berlinale des Talents. Dans l'un des grands cafés de la ville, pendant les premiers jours de son séjour là-bas, je l’ai rencontré Murad pour savoir ce que ça faisait d'être à Berlin et au festival.
Mon premier sentiment porte une certaine anxiété, je n'ai jamais visité Berlin auparavant, c'est une ville immense qui a sa propre structure. J'ai l'impression que la Berlinale, malgré son énormité, est un très petit événement par rapport à la taille de la ville. Je me suis un peu perdu jusqu'à ce qu'un ami, le critique Mohammed Tariq, m'emmène en tournée pour me familiariser avec l'endroit et me déplacer entre les différents sites du festival. Dans de nombreux festivals, j'apprends facilement à connaître l'endroit seul ; ici j'ai ressenti le besoin d'avoir un guide ou un ami. En plus de de ressentir le poids de l'histoire, dans chaque coin où vous vous déplacez, vous trouvez des repères d'un grand passé dont nous avons lu et que nous avons vu dans des films.
Vous avez déjà franchi d'importantes étapes dans votre carrière, pourquoi vous étiez enthousiaste à l'idée de postuler au programme Talents à Berlin ?
Le fait est que j'ai postulé plus d'une fois au concours de talents et que je n'ai pas réussi. J'ai réalisé que le programme nécessitait que le participant ait déjà fait des progrès dans sa carrière, alors je pense que c'est le bon moment pour ma participation après la réalisation de quatre courts métrages. Peut-être que ma participation précédente aux programmes des talents des festivals de Locarno, Cannes et Durban étaient des étapes nécessaires, chacune ajoutant quelque chose à mon expérience pratique. C'était aussi l'occasion d'assister à la Berlinale pour la première fois.
Mon idée a beaucoup changé. Je pensais que c'était un programme de formation d'une semaine similaire à l'académie de Locarno, mais j'ai découvert que c'était plus que cela. Elle est principalement basée sur la possibilité pour les participants de communiquer avec un grand nombre de talents à travers le monde, en plus de certaines activités de divertissement, des conférences spécialisées pour chaque catégorie de participants individuellement, ainsi que l'activité appelée « Dine and shine », dans laquelle nous rencontrons un groupe des acteurs les plus importants de l'industrie cinématographique internationale. Le programme a jusqu'à présent dépassé mes attentes et j'espère en sortir avec le plus de bénéfice possible.
Quelle est la différence entre participer avec un film dans des festivals comme Cannes et Clermont et participer à la Berlinale des Talents ? Avez-vous remarqué des différences évidentes entre les festivals ?
Chaque festival a sa spécificité et sa saveur. Clermont Ferrand est le terrain idéal pour la présentation et la commercialisation de courts métrages, d'autant plus qu'il est dédié à ce genre, contrairement à d'autres festivals où le plus grand intérêt se porte sur les Longs métrages, ce qui est naturel. Quant à participer à Cannes, il a une certaine splendeur quelle que soit la section, la sélection de « Eissa » à la Semaine de la Critique m'a donné la reconnaissance dont j'avais besoin. La Berlinale des Talents est différente. Se réunir avec 200 cinéastes du monde entier, pour discuter, partager des idées et former un réseau représente un autre type d'avantages que d'être dans des festivals de cinéma. Sans compter que chaque festival diffère des autres en fonction de la ville dans laquelle il se déroule, de la nature de son public, de sa saveur et de sa réactivité aux films.
Enfin, quelle est votre vision de la présence des cinéastes arabes dans le cinéma international en ce moment ?
Il ne fait aucun doute que le cinéma arabe franchit rapidement des étapes importantes ; il n'y a guère de grand festival maintenant sans films arabes. Le mouvement se poursuit et s'intensifie d'année en année jusqu'à ce qu'il devienne perceptible pour tout le monde. Je suis fier d'appartenir à cette génération de cinéastes, et de l'état de saine compétition entre nous pour présenter le meilleur et nous exprimer et présenter notre culture au monde. Bien sûr, nous avons une dette de gratitude envers les générations précédentes du cinéma égyptien et arabe qui ont jeté le noyau à partir duquel nous procédons maintenant.
Février 2024