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Johannes Ebert am 6. Februar 2018
Grußwort zur Eröffnung der gemeinsamen Unterbringung in Straßburg

Grußwort von Johannes Ebert anlässlich der Eröffnung der gemeinsamen Unterbringung des Goethe-Instituts und des Instituto Italiano di Cultura in Straßburg

Monsieur le Ministre, cher Roberto Vellano, Messieurs les Ambassadeurs, Monsieur le Consul général, Mesdames et Messieurs les députés européens, Monsieur le Conseiller régional, Madame l’Adjointe au maire, Mesdames et Messieurs en vos grades et qualités,
 
C’est un plaisir pour moi de vous accueillir à Strasbourg. Aujourd’hui, nous inaugurons ensemble la première cohabitation, à l’échelle mondiale, d’un Istituto Italiano di Cultura et d’un Goethe-Institut. Nous créons ainsi un espace commun qui, je l’espère, servira de modèle pour une nouvelle forme de coopération intra-européenne. La convention de coopération signée l’année dernière a permis au Goethe-Institut Strasbourg de « trouver un nouveau chez-soi » qui lui correspond, au cœur du quartier universitaire de Strasbourg, dans ce très beau bâtiment chargé d’histoire.

Je tiens à remercier chaleureusement le Directeur central pour la promotion de la culture et de la langue italienne au ministère des Affaires étrangères italien Roberto Vellano, que je côtoie également au sein du conseil d’administration EUNIC, ainsi que toute l’équipe strasbourgeoise qui entoure la directrice Veronica Manson, avec qui nous avons pu concrétiser ce projet : une coopération et cohabitation qui prévoient également des actions communes sur le site de Nancy et fera bientôt écho à Lyon. Nous nous réjouissons de l’hospitalité avec laquelle nous avons été accueillis et envisageons avec curiosité ces prochaines années de coopération. Une chose est déjà sûre : Il n’y aura pas de compromis sur le café servi ici, il sera italien, point ! Et cela nous convient tout à fait !
 
Pour le Goethe-Institut, cohabiter avec un partenaire aussi important que l’Istituto Italiano di Cultura, c’est aussi donner une dimension concrète à notre engagement fort en faveur de la création d’un espace culturel européen commun.

Cet espace culturel repose sur la diversité des voix et sur la capacité de chacun à se confronter à l’autre et à savoir l’apprécier. C’est avec inquiétude que nous observons au sein de l’Union européenne de nouveaux cloisonnements, terrains favorables au retour en force de positions nationalistes, identitaires et isolationnistes. Le succès des mouvements populistes qui gagnent du terrain dans toute l’Europe fait barrage à un débat politique sérieux et productif et fait le jeu d’une polarisation simpliste au sein de nos sociétés. En même temps renaît l’espoir, notamment avec l’élection d’un Président français résolument pro-européen, Emmanuel Macron, de voir les jeunes générations s’approprier à nouveau les valeurs européennes originelles que sont la démocratie, la liberté, la justice et l’inclusion.

L’espoir également de voir ces mêmes valeurs remises au goût du jour.
 
Et ce sont justement ces jeunes Européens de demain que nous souhaitons accueillir ici, chez nous, à Strasbourg.

Ces derniers mois nous l’ont prouvé : Ce n’est pas en regardant nos voisins avec un enthousiasme naïf ou en se reposant sur des partenariats sans jamais se questionner que nous pourrons faire évoluer la communauté européenne. Il nous faut provoquer un dialogue productif, ce qui implique que ce dernier puisse parfois être tendu.

Faire cohabiter deux instituts culturels, ce n’est pas seulement réaménager un bâtiment, mais c’est surtout créer un nouveau modèle qui puisse abriter un tel dialogue.
 
Notre défi à l’avenir consiste à ne pas seulement entretenir les liens avec les élites culturelles, avec lesquelles il existe déjà un consensus autour des valeurs européennes.

Il s’agit davantage d’impliquer ceux qui, jusqu’alors, ne profitaient pas de la promesse européenne : inclusion, prospérité, éducation et mobilité. Mener des actions européennes dans ce sens est bien plus important que de discourir sur l’Europe. C’est aussi ce défi que nos instituts relèvent.
 
Certains pensent que la coexistence d’un institut culturel national et d’une institution européenne est une contradiction.  

Je crois pour ma part que ce sont justement ces instituts culturels nationaux qui peuvent, en approfondissant leurs coopérations et en créant de nouvelles cohabitations, quitter le terrain de l’Etat national pour amener la société sur le chemin d’un nouveau rapprochement européen. Ce rapprochement est pour nous toutes et tous une question de survie dans un contexte global qui nous invite à mettre en avant la culture européenne et des positions européennes.
Au sein de notre réseau, diverses expériences témoignent du succès que peut avoir une coopération entre instituts nationaux : Le Goethe-Institut gère ainsi, avec l’Institut français, le centre culturel franco-allemand de Ramallah.

J’ai moi-même, lorsque je dirigeais l’Institut de Kiev à la fin des années 90 (quatre-vingt-dix), fait avancer la création d’une nouvelle cohabitation entre le Goethe-Institut et le British Council, cohabitation aujourd’hui toujours actuelle.

Nous partageons également des locaux avec l’institut culturel espagnol à Stockholm. La coopération entre instituts culturels nationaux est la meilleure garantie pour faire avancer l’Europe. C’est ce que nous démontrons également ici, en ayant décidé de partager ces locaux.

Comme je l’évoquais à l’instant, des positions différentes et des discussions entre partenaires sont ici particulièrement importantes : Elles forment un champ d’expérimentation duquel émanent des idées innovantes. Nous contribuons ainsi au développement durable de l’Europe.J’évoque souvent volontiers le magnifique projet européen « Intradance » initié par quatre instituts culturels européens – l’Allemagne, la France, l’Italie et le Portugal – et un partenaire russe et qui a réuni, en 2010 (deux-mille dix), à Moscou, des chorégraphes européens et danseurs russes.

Ce projet a démontré que des intérêts nationaux pouvaient servir un objectif commun, qu’il était simple de travailler ensemble et que les différences étaient, pour nous, sources d’enrichissement. Cette expérience m’a particulièrement touché et je me réjouis que nous ayons, avec nos amis italiens, ici à Strasbourg, décidé de nous engager pour une coopération encore plus étroite.
 
Ce n’est pas un hasard si c’est justement ici, dans cette région frontalière en Europe, entre la France et l’Allemagne, qu’est né ce projet germano-italien.
 
La question de la signification d’une frontière entre des pays, entre des cultures, est inscrite au cœur de cette région et s’est posée de façon tragique le siècle dernier, sur les champs de bataille de l’Est de la France, au cours de deux grandes guerres. Sur fond d’Histoire, de cette histoire, il y a ici à Strasbourg, capitale européenne, avec les nombreuses institutions qui y siègent, tels que le Parlement européen et le Conseil de l’Europe, une volonté d’autant plus forte d’être chefs de file des échanges européens et laboratoire pour la création de nouveaux modèles de coopération transfrontalière. Cette mission – la création dans cette région frontalière d’un champ expérimental pour des projets transnationaux et une législation nouvelle – est explicitement formulée dans la résolution adoptée par le Bundestag et l’Assemblée nationale il y a à peine quelques jours, le 22 janvier 2018, à l’occasion du 55e anniversaire de la signature du Traité de l’Elysée. Avec cette nouvelle cohabitation entre l’Istituto Italiano di Cultura et le Goethe-Institut, nous allons au-devant de cette mission ambitieuse d’une coopération transfrontalière approfondie.
 
Toute aspiration à être libre suppose de franchir des frontières existantes. Lorsqu’on leur fait face se pose toujours la question : Dois-je accepter cette frontière ou prendre le risque de la franchir ? Ce n’est qu’ainsi que l’on fait l’expérience de la liberté.

Nombreux sont les exemples de « libertés transfrontalières » entre l’Allemagne et l’Italie – l’exemple le plus célèbre est certainement celui du Voyage en Italie de J. W. v. Goethe, dont nous avons fêté le 200e anniversaire l’année dernière. Plus récemment, l’écrivain, essayiste et germaniste Claudio Magris a également donné l’exemple d’une pensée transfrontalière. Fils d’un père francophone originaire du Frioul et d’une mère germanophone originaire de Dalmatie, c’est à l’école à Trieste que naît sa fascination pour la langue et la littérature allemandes. Récemment, alors qu’on lui demandait en interview s’il lui arrivait d’écrire en allemand, il répondait : « Non, je suis résolument resté un Italien. Mais il y aura toujours des choses que je ne pourrai percevoir qu’en allemand. La mer est pour moi blau et ne sera jamais blu. »
 
Ce que nous percevons de l’Autre, Mesdames et Messieurs, nous donne la liberté de réellement nous épanouir.
 
Et c’est dans ce sens que je nous souhaite, en empruntant les mots du poète et philosophe français Paul Valéry :« Enrichissons-nous de nos différences mutuelles ».

Merci.

Es gilt das gesprochene Wort.
 

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