Quel est l'état de la liberté en Europe aujourd'hui? Où est-elle en danger? Comment pouvons-nous la renforcer?
Dans le cadre du projet européen "Freiraum", 42 Goethe-instituts et 53 partenaires issus du monde culturel, scientifique et de la société civile se sont penchés depuis l'automne 2017 sur les questions suivantes: Quel est l'état de la liberté en Europe aujourd'hui? Où est-elle en danger? Comment pouvons-nous la renforcer? A l'automne 2020, le projet devait se clôturer avec un festival... C'est alors que survint la pandémie du coronavirus. Et c'est ainsi que nous avons découvert de façon totalement inédite quel impact un virus pouvait avoir sur la liberté en Europe. D'un côté, nous sommes confrontés à de nouvelles tendances d'isolement et à la fermeture des frontières, à l'interdiction de sortir et d'avoir des contacts et à un contrôle accru de la vie publique. De l'autre côté, de nouvelles libertés s'offrent à nous - à la maison ou sur la toile.
Dans cette série de vidéos, nous demandons à nos partenaires du projet Freiraum basés dans toute l'Europe de nous raconter comment ils vivent cette situation, au vu de leur liberté, et tentons de nous projeter dans l'avenir.
Milan Zvada - Banská Bystrica
Jelena Joksimović - Belgrade
Maud Qamar - Bruxelles
Vasiliki Grammatikogianni - Athènes
LYDIA CHATZIIAKOVOU - THESSALONIKI
EDIT PULA - TIRANA
Ira Bliatka - Paris
SERENA MICELi - TURIN
Vingt-cinq rondes de discussions, de nombreux moments aha et quelques controverses - il s’agissait de "La grande conversation sur la sécurité et la liberté" au Beursschouwburg le 26. janvier 2019. Avec plus de 100 participants, nous avons discuté et émerveillé du profilage ethnique, des terrains de jeux (sécurisés) pour enfants, des caméras de surveillance et de la politique de défense et de sécurité de l'Europe jusqu'à la nuit. Entre-temps, le journaliste "Spiegel" Haznain Kazim nous a montré comment transformer la haine en humour avec son livre "Courrier de Karlheinz". Voici quelques impressions:
FREIRAUM + BRUXELLES : L’Europe et ses institutions se sont implantées à Bruxelles comme un corps étranger. Comment pouvons-nous intégrer ce corps étranger et faire vraiment de Bruxelles la capitale de l’Europe ? À quoi ressemblerait alors Bruxelles ?
Bruxelles est souvent considérée comme un engrenage qui broie tout sur son passage, comme la ville morne des bureaucrates de l’UE. Toutefois, au cœur de la ville, l’art de vivre est tout autre, comme l’explique Tom Bonte, directeur du centre culturel Beursschouwburg et partenaire du projet Freiraum : vivante, diversifiée, expérimentale et extrêmement multiculturelle. Bruxelles souhaiterait savoir comment mieux intégrer les institutions européennes à la ville afin qu’elle ne soit plus uniquement perçue comme la capitale libre de l’Europe, mais qu’elle soit également ressentie comme telle.
FREIRAUM + VARSOVIE : Si nous devions nous décider entre l’accès complet à toutes les informations et la vie dans une bulle de filtrage, quelle décision prendrions-nous ?
Confrontés à une abondance d’opinions, de points de vue, et de commentaires, nous prenons peur, nous préférons retourner dans un endroit où nous nous sentons en sécurité. La vague d’informations qui déferle sur la toile nous pousse justement à battre en retraite dans notre bulle de filtrage, et très vite, nous oublions ce que nous ne savons pas. Le monde part à la dérive, car chacun a devant soi un internet différent, et donc un tout autre monde. La communication, dans le sens d’un échange ouvert d’opinions, est désapprise ; la cohésion sociale est menacée.
« L’Europe s’est implantée à Bruxelles comme un corps étranger. Comment pouvons-nous intégrer ce corps étranger et faire vraiment de Bruxelles la capitale de l’Europe ? A quoi ressemblerait alors Bruxelles ? »:
Telle est la question formulée par un groupe d'experts lors d'un workshop organisé dans le cadre du projet Freiraum fin septembre et choisie par vote par le public lors d'une assemblée citoyenne au Beursschouwburg.
Quelle est la situation actuelle à Bruxelles? Les institutions européennes n'ont cessé de grandir à Bruxelles. Tandis qu'elles étaient marginales dans les années 1960, elles emploient aujourd'hui plus de 40 000 personnes. D'autres institutions internationales ont suivi leur exemple et ce sont aujourd'hui presque 200 000 expats qui vivent à Bruxelles. Bruxelles, à côté de cela, est une ville d'immigration du monde entier et notamment d'Afrique du Nord et centrale. Ce changement démographique a transformé la capitale belge en petite ville mondiale. Près de deux tiers de la population bruxelloise a des origines étrangères. En clair, Bruxelles est une ville super-diversifiée.
Bruxelles est toutefois principalement associée aux institutions européennes à l'étranger. Dans les médias, on écrit et on dit que "Bruxelles a décidé" quand les ministres des différents Etats membres prennent une décision lors d'un sommet. Trop souvent, l'U.E. - et notre ville dans sa foulée - est réduite à son caractère bureaucratique. Les Etats membres semblent certes avoir accepté que l'administration de l'U.E. se situe dans notre ville, mais il faut encore saisir la chance d'en faire le véritable coeur du projet européen.
Bruxelles, dans sa réalité, est une ville qui regroupe de nombreuses communautés, nationalités, langues et religions, tout en étant également la capitale d'un pays avec trois communautés linguistiques. Cette diversité ne s'est toutefois pas transcrite dans l'idée d'une citoyenneté européenne, une idée qui pourrait toutefois améliorer l'image du processus d'unification européen.
Se posent alors les questions: Comment pourrions-nous mieux tirer profit de cette diversité pour faire de Bruxelles le vrai centre de l'Union européenne? A quoi ressemblerait alors Bruxelles? Comment pouvons-nous nous libérer des à priori et des contraintes pour devenir un espace urbain pour tous les Européens? Pourquoi ne pas voir Bruxelles comme laboratoire européen - comme espace de liberté (Freiraum) - et inventer une ville européenne ouverte au monde?
Nos expert-e-s FREIRAUM:
- Eric Corijn, Philosophe de la culture et sociologue (VUB, Cosmopolis, Brussels Academy)
- Philippe Van Parijs, Professeur d’économie et d’éthique sociale, Fondateur du Basic Income Earth Network (UCL, KU Leuven, Oxford)
- Tom Bonte, Directeur du Beursschouwburg
- Sophie Alexandre, Coordinatrice (Réseaux des arts de Bruxelles)
- Leen de Spiegelaere, Coordinatrice (Brussels Kunstenoverleg)
- Bie Vancraeynest, Programmatrice de l'Enter Festival (Demos)
- An Descheemaeker, Coordinatrice (BRAL)
- Cristina Nord, Directrice du département culturel (Goethe-Institut Brüssel)