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République Démocratique du Congo

RENCONTREZ NOS INVITÉ(E)S
FELWINE SARR

Felwine Sarr
Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut

Felwine Sarr, auteur « d’Afrotopia » et invité de « Kinshasa 2050 », parle des policiers en ville de ce qu’il faut faire pour que le Congo ne perde pas la connexion avec la vie culturelle. 

Felwine, tu n’as passé que deux jours à Kinshasa, quelle est la rencontre ou l’expérience qui t’as le plus marqué ?
 
La première rencontre a été celle de la ville. Les villes quand on ne les a pas visitées, on les imagine, on les rêve. Quand je suis arrivé, la nuit venait à peine de tomber et je n’ai pas vu grand-chose. Le lendemain j’ai découvert une ville avec des grands espaces, des grandes avenues de deux voies, quatre voies. De mon hôtel, j’ai vu que l’avenue était en tout cas verte. Je ne m’imaginais pas Kinshasa comme une ville verte.

Felwine Sarr en entretien avec Richard Ali lors du festival "Kinshasa 2050", Mai 2017
Felwine Sarr en entretien avec Richard Ali lors du festival "Kinshasa 2050", Mai 2017 | Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut
Et la deuxième expérience ?
 
La seconde expérience est la rencontre avec les gens. J’ai pu observer un peu ce que ressemblait le milieu artistique d’ici. Des choses qui ont l’air anodines, la manière dont ils sont habillés, et coiffés. Ensuite la manière dont ils s’expriment quand ils prennent la parole. Parce-que les gens racontent une chose, et tu sens qu’il y a un désir d’habiter le langage, de devenir grand et éloquent.
 
De plus, j’observe toujours les policiers, la manière dont ils arrêtent avec le bras le flux de circulation et la manière dont ils gèrent la circulation. Pour moi ça dit beaucoup. Pas seulement la manière dont ils sont habillés, mais le rapport qu’ils ont avec l’autorité qui leur est donné dans un espace et est-ce que les gens respectent ou pas.
 
Pendant le festival « Kinshasa 2050 » tu lisais de ton livre « Afrotopia », dans lequel tu constates que le continent africain doit trouver son propre chemin vers la modernité, sans s’enfermer dans des modèles exogènes. Comment le livre a été accueilli ici ?
 
Puisque je tourne beaucoup et je discute autour d’« Afrotopia » depuis un an, j’ai rencontré différents publics en Afrique et ailleurs. Le sentiment que j’ai eu sur les questions liées à l’estime de soi est qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Ici à Kinshasa, l’idée elle-même n’est pas encore acquise : L’idée que l’Afrique devrait constituer son propre centre à partir duquel on se déploie et que ça ne voulait pas dire qu’on était à la marge, ça ne voulait pas dire qu’on n’empruntait pas aux autres, ça ne voulait pas dire qu’on n’était pas en relation avec les autres mais repartir de soi-même, de son histoire, de sa géographie, de ses ressources culturelles pour se déployer.
 
Des acteurs culturels à Kinshasa – dont le Goethe-Institut – devraient offrir quel genre d’activité pour faire vivre ces idées ici ?
 
Je pense qu’il faut que plus d’artistes, d’intellectuels, de penseurs et des romanciers du continent viennent ici. J’étais à Paris où j’ai rencontré beaucoup des gens dans le milieu de l’art contemporain. Je me suis rendu compte que tous ces gens étaient dans cette démarche-là : repenser et renouveler les formes, renouveler les discours, sortir d’une vision un peu étriqué et du patrimoine colonial. Ça me semble être un mouvement très large. J’ai le sentiment en étant ici que cette dynamique n’a pas encore atteint les rives d’ici.
 
Tu voyages beaucoup dans le monde, est-ce qu’il y a un lieu où tu n’as jamais été et que tu aimerais aller dans le futur ?
 
Je ne suis jamais aller au Japon et j’aimerai beaucoup y aller. Je suis un grand amoureux de la culture Japonaise.
 
Quel souvenir vas-tu emmener avec toi de Kinshasa à Dakar ?
 
Généralement je n’emmène pas des souvenirs, mais je garde des impressions sensorielles. Je reste trois jours en observations intense, je m’imprègne. Je sais qu’avec très peu de temps je ne peux pas aller dans tous les lieux, donc je n’aborde pas la ville avec une intention exploratoire extensive, mais je l’aborde avec une intention, une sensibilité intensive. J’essaie de capter les pouls et les rythmes des choses. Je suis toujours extrêmement attentif.
 
Peux-tu nous décrire Kinshasa en trois mots ?
 
Bouillonnent, suranné, bigarré.