LA MEDAILLE-GOETHE 2021 HONORE LA PRINCESSE MARILYN DOUALA MANGA BELL, TOSHIO HOSOKAWA ET WEN HUI
En cette année 2021 la Médaille-Goethe est décernée à l’économiste camerounaise et présidente de l’organisation culturelle doua’art, Princesse Marilyn Douala Manga Bell, au compositeur japonais Toshio Hosokawa et à la danseuse et chorégraphe chinoise Wen Sui. Avec cette médaille officielle de la République Fédérale d’Allemagne, le Goethe-Institut honore des personnalités qui se sont particulièrement illustrées dans les échanges culturels internationaux. La remise officielle aux lauréats et lauréates de la Médaille-Goethe se fait cette année 2021 en ligne le 28 août, jour de la naissance de Johann Wolfgang von Goethe.
Carola Lenz, la Présidente du Goethe-Institut, souligne: « L’échange culturel international en ces temps de la pandémie du coronavirus est confronté à des défis particuliers. La communication numérique nous offre de nouvelles opportunités, mais les inégalités existantes prennent de l’ampleur, par exemple en ce qui concerne le droit à la culture et la formation ou l’égalité entre les genres. L’héritage colonial des rapports de pouvoir et les restrictions de la liberté dans les régimes postcoloniaux et antidémocratiques sont plus que jamais visibles. Les lauréats et lauréates de cette année ne reculent pas devant ces défis. Ils /Elles avancent courageusement dans trois pays très différents avec leur engagement culturel et sociétal et plaident à travers leurs activités artistiques pour une société plus ouverte, plus démocratique et plus juste, - et cela par-delà les frontières nationales.
Le thème de la remise du prix de cette année est : « Culture dans un jus particulier – dans le réseau de la communauté globale. » A ce propos Christina von Braun, la Vice-Présidente du Goethe-Institut et Présidente du jury de la Médaille-Goethe dit ceci : « Pour Goethe l’encre et le sang étaient des matières peu différentes : car la circulation de ces deux « jus » rend la vie et le vivre ensemble possibles. Cette année, les lauréats de la Médaille-Goethe représentent cette métaphore d’une manière excellente. Leur art crée des liens entre les cultures, entre leur pays et l’étranger, entre les genres ainsi qu’entre le passé et le futur. »
Les lauréats/lauréates de la Médaille-Goethe de l’année 2021 ne peuvent pas pour des raisons des difficultés de déplacement dues à la pandémie effectuer ensemble le voyage en Allemagne. Pour cette raison la cérémonie d’attribution sera diffusée en ligne le 28 août à 11 heures en direct par les canaux du Goethe-Institut. Là, trois portraits réalisés en collaboration avec la Deutsche Welle apprécient à leur juste valeur le travail et l’action des trois lauréats /lauréates de cette année. En plus la cérémonie en ligne est montrée au Festival de Weimar et est complétée par un programme cadre pour la Médaille-Goethe. Pour permettre une prise de contact directe avec les lauréats/lauréates le Goethe-Institut offrent des entretiens de presse en ligne, dont les dates restent à déterminer.
Raisons de l’attribution du prix
Princesse Marilyn Douala Manga Bell s’engage beaucoup pour un travail sur l’histoire coloniale allemande au Cameroun et pour le dialogue social sur les répercussions du colonialisme de cette époque jusqu’à nos jours. Elle voit dans les arts plastiques et l’incitation à l’activité artistique un potentiel permettant d’impulser un changement social et de renforcer la libre expression des opinions. Le centre culturel doual’art qu’elle a fondé dans la cité portuaire de Douala participe de cet engagement. Le jury souligne : « Marilyn Douala Manga Bell relie de manière remarquable l’engagement dans la société civile et le travail culturel à l’international et prend position de faҁon conciliante et avec une vision orientée vers l’avenir sur les conflits sociaux et les problèmes liés à l’histoire. Elle développe des idées remarquables sur la mise à jour des injustices coloniales et aussi sur le renforcement de l’identité camerounaise. »
Toshio Kosokawa est l’un des compositeurs japonais vivants les plus connus et un représentant hors-pair des relations culturelles germano-japonaises. On retrouve dans son œuvre des opéras, des œuvres pour orchestre et solo, de la musique de chambre et des films, ainsi que des œuvres pour instruments traditionnels japonais. Sa langue musicale recourt à la tradition zen et bouddhiste de l’interprétation imagée de la nature mais aussi à la relation entre l’avant-garde occidentale la culture traditionnelle japonaise. Son opéra « Erdbeben. Träume » (Tremblement de terre. Rêves) dont la première représentation eut lieu en 2018 à Stuttgart part d’un libretto de l’écrivain Marcel Beyer et se base sur le texte de Heinrich von Kleist « Erbeben in Chili » (Tremblement de terre au Chili). « Hosokawa ouvre des espaces avec ses compositions et crée des liens entre les hommes du monde entier. Le son de sa musique transcende et fait de la salle de concert un endroit de rencontre globale », c’est ce que le jury met en exergue. « Il réussit, tout en gardant ses propres traditions à transformer des manières d’écoute spécifiques en un chef d’œuvre de sonorité extraordinaire.
Wen Hui fait partie de l’avant-garde du théâtre chorégraphié en Chine et elle est co-fondatrice du Living Dance Studio, la première troupe de théâtre chorégraphié du pays. Elle intègre dans ses chorégraphies des éléments du film documentaire et des thèmes provenant de la vie quotidienne chinoise. Ce faisant, elle se préoccupe de trouver les traces que l’histoire laisse sur le corps humain, lesquelles traces doivent être considérées comme des « archives » suscitant la réflexion. Sa propre mémoire corporelle est utilisée dans ses travaux tels « Report on Giving Birth » et « Red », laquelle mémoire corporelle traverse le temps et porte un témoignage sur l’histoire. L’origine de ses travaux est pour la plupart du temps située dans son environnement local, les formes de leur application en mouvement dansant sont inspirées par le monde entier, sont pour ainsi dire globales. Le jury juge que « Wen Hui représente scène artistique indépendante, libre et pleine d’une grande créativité en Chine, scène qui incarne la diversité culturelle et le large spectre des histoires quotidiennes au-delà les narratifs officiels. » « A travers ses pièces de théâtre chorégraphiées sensibles, qui relient des médias différents mais issus d’un même génie, des éléments documentaires et une force poétique, Wen Hui raconte ‘ses’ histoires ayant pour origine la Chine. »
Les Lauréats / Lauréates
Princesse Marilyn Douala Manga Bell vit le jour en 1957 au Cameroun. Un objectif de son travail est la reconnaissance du rôle historique de son arrière-grand-père Rudolf Manga Bell (1873 – 1914) qui fut le meneur d’un important mouvement de résistance contre le pouvoir colonial allemand. Ce faisant, elle veut contribuer entre autres à la discussion sur la mémoire politique au Cameroun. Elle a étudié l’économie du développement à Paris, depuis 1994 elle travaille comme experte en développement entre autres pour la Banque Mondiale et la Commission Européenne. Elle est co-fondatrice du Contemporary Art Center doul’art ouvert en 1991 à Douala et s’engage pour l’avenir des musées africains et la restitution des œuvres d’art et artéfacts provenant des contextes coloniaux. Ainsi a-t-elle pris part en 2016 à la conférence des Goethe-Instituts à Johannesburg pour la conception du Forum Humboldt dans la perspective des experts africains /expertes africaines. En 2019 elle fut co-curatrice du projet « Burden of Memory » du Goethe-Institut de Yaoundé, projet qui a mis ensemble les réflexions artistiques provenant de différents pays africains sur la domination coloniale allemande en Afrique. Le projet d’exposition « Kamerunstaat » fait partie de ses plus récentes initiatives, ce projet fait le tour des écoles du Cameroun avec un programme pédagogique qui l’accompagne. En outre, elle a été curatrice de l’exposition « Hey Hamburg, connais-tu Rudolf Douala Manga Bell » (« Hey Hamburg kennst Du Rudolf Douala Manga Bell ? ») au Hamburger Museum am Rothenbaum, exposition dont le vernissage a eu lieu en avril et qui dure jusqu’au 31 décembre 2022. Princesse Marilyn Douala Manga Bell vit à Douala, au Cameroun.
Toshio Hosokawa est né en 1955 à Hiroshima, il vient en Allemagne en 1976, où il étudie l’art de la composition entre autres auprès de Isan Jun et de Klaus Huber. Sa renommée sur la scène musicale internationale grandit très vite et il reҁoit de nombreux contrats de composition. Il a un succès éclatant en 2001 avec la première représentation de l’oratoire « Voiceless Voice in Hiroshima ». Suivent alors une série d’œuvres pour orchestre dont « Circulating Ocean » (Ensemble Philharmonique de Vienne, Festivals de Salzburg 2005) et « Woven Dreams » (Orcheste de Cleveland, Festival de Lucerne 2010). En 2013 Toshio Hosokawa est invité à Salzburg avec la première représentation de « Klage » (Plainte) pour soprano et orchestre d’après un texte Georg Trakl. De surcroit il compose dans une suite désinvolte une série d’œuvres, « Voyages », pour instrument solo. « Voyage X » séduit du fait qu’il combine la flûte en bambou japonaise Shambuhachi avec des instruments venus d’Occident. Depuis 2001 Toshio Hosokawa est directeur artistique des Takefu International Music Festival à Fukui et depuis 2004 professeur invité du Tokyo College of Music. Le concert pour violon « Genesis » fait partie de ses travaux les plus récents, concert que l’orchestre philharmonique de Hambourg a donné en première en mai 2021 dans la Elbphilharmonie sous la direction de Kent Nagano. Toshio Hosokawa a reҁu de nombreuses distinctions dont le premier prix du concours de composition à l’occasion du centenaire de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, le prix de composition de la jeune génération en Europe, le prix de la musique de Kyoto et le prix de la musique du Rheingau. Toshio Hosokawa vit à Yokohama au Japon.
Wen Hui est née en 1960 à Yunnan. Elle est danseuse, chorégraphe, auteure de films documentaires et artiste d’installation chinoise. Elle a été formée initialement comme danseuse populaire, de 1985 à 1989 elle étudie au département de la chorégraphie de l’académie de danse de Péking et devient après chorégraphe dans l’Ensemble pour danse et chants orientaux de Chine (Donfang gewutuan). Dans les années 90 elle étudie la danse moderne aux Etats-Unis et en Europe, entre autres à la Folkwang Hochschule de Essen et dans la Compagnie de danse de Pina Busch à Wuppertal. En 1994 Wen Hui fonde avec le cinéaste Wu Wenguang la première troupe théâtrale de danse indépendante de la Chine, la Living Dance Studio. Le théâtre chorégraphié est pour elle un moyen d’intervenir socialement. Dans « Report of Giving Birth » (1999) le corps est utilisé comme stratégie de la résistance, pour représenter la complexité d’être femme dans le contexte culturel et quotidien de nos jours. Avec « Report on Body » (2004) elle gagne avec son équipe le prix ZKB du Spectacle de Théâtre de la ville de Zürich. Avec le soutien du Goethe-Institut la compagnie Living Dance Studio produit la pièce « Red », une réflexion sur l’opéra modèle en tant que symbole de la culture politique et partie de la conscience collective pendant la révolution culturelle chinoise. Wen Hui a participé à de nombreux festivals indépendants chinois et internationaux. Ses travaux sont montrés dans des salles de théâtre, des musées et dans des centres culturels. En ce moment elle travaille sur « I am Sixty », qui sera représenté pour la première fois en automne 2021. Wen Hui vit à Péking, la capitale chinoise.
La cérémonie en ligne pour l’attribution de la Médaille-Goethe de 2021 se passera avec la collaboration de la Deutsche Welle. Le programme cadre pour la Médaille-Goethe a été mis sur pied en coopération avec le festival artistique de Weimar. Nous disons ici un grand merci à la fondation Klassik Stiftung Weimar pour son aimable soutien.
Les photos des lauréats /lauréates 2021 destinées à la presse se trouvent sur le site suivant: www.goethe.de/bilderservice
Pour les informations sur la Médaille-Goethe et sur ceux et celles à qui elle a été jusqu’á présent décernée voir: www.goethe.de/goethe-medaille
La Médaille-Goethe
La Médaille-Goethe a été offerte en 1954 par le comité directeur du Goethe-Institut et reconnue en 1975 par la République Fédérale d’Allemagne comme médaille officielle. Son attribution a lieu le 28 août, jour anniversaire de la naissance de Goethe. Depuis la première attribution en 1955 en tout 357 personnalités originaires de 70 pays ont été honorées, dont Daniel Barenboim, Pierre Bourdieu, David Cornwell alias John Le Carré, Sir Ernst Gombrich, Lars Gustavsson, Agnes Heller, Petros Makaris, Sir Karl Raimund Popper, Jorge Semprun, Shirin Neshat, Robert Wilson, Neil MacGregor, Helen Wolff, Juri Andruchowytsch, Irina Sherbakowa ou Ian McEwan.
Le Jury de la Médaille-Goethe
Dr. Franziska Augstein (Journaliste, Süddeutsche Zeitung), Prof. Dr. Christina von Braun (Présidente et représentante du comité directeur, experte en sciences culturelles, Université Humboldt à Berlin), Dr. Meret Forster (Rédactrice en chef Musique, BR-Classique), Olga Grjasnowa (Ecrivaine), Matthias Lilienthal (Dramaturge et Directeur de théâtre), Moritz Müller-Wirth (Journaliste, Die Zeit), Cristina Nord (Berlinale Forum, Directrice de section Berlin), Insa Wilke (Critique littéraire); pour représenter le ministère des affaires étrangères: MinDirig Dr. Andreas Görgen (Directeur du département culture et communication); pour représenter le Goethe-Institut: Prof. Dr. Carola Lentz (Présidente du Goethe-Institut), Johannes Ebert (Secrétaire Général du Goethe-Institut).
Contact :
Susanne Meierhenrich
Chargé de presse de la Médaille-Goethe
Goethe-Institut
Tel. +171 742 1717
smeierhenrich@t-online.de
Viola Noll
Suppléante de la porte-parole
Goethe-Institut
Tel. +160 96 99 09 95
noll@goethe.de
Thekla Worch-Ambara
Directrice
Goethe-Institut Kamerun
Tel: +237 655 49 88 69
Thekla.worch-ambara@goethe.de