Conseil pratique
Orientation vers l'action grâce aux tâches numériques

Un enseignant supervise l'apprentissage numérique de ses élèves
Les jeunes apprenant.e.s sont naturellement attirés par les mondes numériques | © Colourbox

« Trop compliqué », « On y perd trop de temps » ou « Je n'ai plus aucun contrôle sur ce que mes élèves y font » - telles pourraient être les réactions spontanées des enseignant·e·s lorsqu'on leur suggère de mettre en œuvre des tâches orientées vers l'action dans des contextes numériques. À juste titre, car les élèves ne doivent généralement pas seulement faire appel à leurs compétences linguistiques pour les traiter, mais aussi à des compétences médiales, sociales et démocratiques.

De Ferran Suñer Muñoz

Les planificateurs/-trices de l'éducation ont reconnu l'importance des mondes d'apprentissage numériques et ont intégré des compétences clés telles que la Digital Literacy ou la Digital Citizenship dans les programmes scolaires.
 
Digital Literacy
Digital Literacy désigne la compétence à manier les médias numériques, à les utiliser de manière professionnelle et à communiquer par voie numérique. Savoir lire, comprendre et utiliser les médias numériques de manière critique est une compétence indispensable à une époque où la technologie envahit presque tous les aspects de notre vie.

Source : https://www.digitalliteracy.uni-konstanz.de/allgemeines/digital-literacy/

Digital Citizenship
Digital Citizenship enseigne l'empathie, la protection de la vie privée et les mesures de sécurité pour éviter les violations de données et le vol d'identité. Elle est une clé pour participer activement au monde numérique et promouvoir une société démocratique et inclusive.

Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Digital_citizen 
 


Toutefois, le traitement de telles tâches peut rapidement conduire à un surmenage, tant pour les apprenant·e·s que pour l'enseignant·e : quel degré d'orientation vers l'action puis-je accorder dans des mondes numériques aussi complexes sans perdre le contrôle et sans dépasser le temps imparti ?


Un fonds de tâches numériques orientées vers l'action

Un groupe de didacticien·ne·s des langues étrangères s'est penché sur cette question dans le cadre du projet européen Lingu@num, financé avec le soutien de la Commission européenne.  Il s'agit d'un projet de partenariat stratégique pour la pédagogie numérique dans le cadre du programme Erasmus+. La Commission européenne a récemment décerné au projet le label de « bonne pratique  ». Il propose un catalogue de tâches orientées vers l'action ainsi qu'un guide contenant des informations et des conseils pour les enseignant·e·s. Mais avant de se jeter sur le catalogue, il est recommandé de jeter un coup d'œil aux différents types de tâches. 

Le projet fait la distinction entre les tâches ciblées, les tâches sociales orientées vers l'action et les tâches ancrées dans la vie. Étant donné que ces types de tâches exigent des interactions sociales qualitativement différentes, on leur attribue également un degré différent d'orientation vers l'action.

Examinons les trois exemples suivants :

Tâche ciblée : Imaginez que vous souhaitez écrire un livre de cuisine international. Choisissez un plat de votre pays et rédigez la recette.

Tâche sociale orientée vers l'action : Vous aussi, vous êtes parfois à court d'idées lorsqu'il s'agit de cuisiner quelque chose ? Choisissez un plat simple de votre pays et écrivez la recette pour un recueil de recettes qui sera distribué à tous les membres du groupe.

Tâches ancrées dans la vie : vous choisissez une recette de cuisine de votre pays et vous l'écrivez afin de la partager avec les internautes intéressé·e·s sur le forum de cuisine du site web de Chefkoch.
Source : www.linguanum.eu/productions-products/tasks 


Il est ainsi immédiatement clair que les tâches ciblées ont certes un·e destinataire concret, mais que les interactions sociales y sont simulées. En revanche, les tâches sociales orientées vers l'action et les tâches ancrées dans la vie prévoient de véritables interactions sociales : dans le premier cas, le groupe d'élèves est le groupe visé, tandis que dans le second cas, on s'adresse à des destinataires réel·le·s en dehors du contexte de l'enseignement. 

Si l'on tient compte du fait que l'apprentissage d'une langue a lieu avant tout lorsque ce qui est appris est pertinent pour l'action dans des situations concrètes (Roche et al. 2012, p. 32), il vaut la peine de viser une application dans de véritables contextes numériques. Le catalogue Lingu@num offre aux enseignant·e·s un large choix de tâches pour les niveaux A1 à B2 (voir fig. 1).
Fig. 1. Aperçu des tâches par niveau.

Fig. 1. Aperçu des tâches par niveau. | Source : www.linguanum.eu

Derrière chaque titre, les enseignant·e·s trouvent des guides pour chaque type : tâche ciblée, tâche sociale orientée vers l'action et tâche ancrée dans la vie (figure 2). Mais le guide contient bien plus que cela : des informations didactiques (domaines thématiques, compétences, objectifs d'apprentissage, etc.), le déroulement possible de la séquence, les ressources et outils numériques possibles ainsi que des recommandations pour la mise en œuvre de la tâche dans le cadre d'un enseignement en présentiel, en ligne ou mixte. Un accent particulier est également mis sur la promotion de la Digital Literacy et de la Digital Citizenship. Les guides contiennent une section sur la manière dont ces deux compétences sont intégrées à la tâche. Par exemple, dans la tâche « romouvoir une destination sur une plateforme », les élèves sont encouragé·e·s non seulement à maîtriser le processus d'inscription, mais aussi à combiner des images et du texte en fonction de la situation, à utiliser un langage adéquat pour la plateforme et, en fin de compte, à assumer la responsabilité de l'exactitude des informations.
Fig. 2. Possibilités de mise en œuvre de la tâche "Promouvoir une destination sur une plate-forme".

Fig. 2. Possibilités de mise en œuvre de la tâche "Promouvoir une destination sur une plate-forme". | Source : www.linguanum.eu

Module d'auto-apprentissage pour les enseignant·e·s

Les enseignant·e·s ont deux autres possibilités d'élargir et d'approfondir leurs propres connaissances : 

Ils/elles peuvent découvrir plus en détail ou approfondir des concepts et des approches de base pertinents, tels que la Digital Literacy ou l'approche socio-interactionnelle, grâce à des exercices interactifs dans un module d'auto-apprentissage. Ils/elles peuvent également se glisser dans le rôle des développeurs/-euses et en apprendre davantage sur la création et la mise en œuvre de nouvelles tâches. Un guide met en lumière les avantages de l'apprentissage des langues sur des sites web participatifs en termes d'acquisition de la Digital Literacy et de la Digital Citizenship. Le site web Lingu@num offre aux enseignant·e·s de différents contextes d'enseignement et de différents niveaux d'expérience de nombreuses idées pour intégrer des tâches numériques dans leur enseignement.  
Fig. 3. Possibilités de mise en œuvre de la tâche "Promouvoir une destination sur une plate-forme".

Fig. 3. Possibilités de mise en œuvre de la tâche "Promouvoir une destination sur une plate-forme". | Source : www.linguanum.eu

Fig. 4. Page d'accueil du projet.

Fig. 4. Page d'accueil du projet. | Source : www.linguanum.eu

Bibliographie
Roche, J.; Reher, J. & Simic, M. (2012), Focus on Handlung. Münster: Lit.