AU COEUR DE LA LITTÉRATURE
Terenzio, aventurier et spontané
L’arbre à musique de Fabrizio Terenzio est difficile à grimper, indécis entre recueil de nouvelles et roman. Qu’importe son flacon, son ivresse est là ; entre mysticisme, immatérialité et imaginaire.
C’est un roman scindé en douze nouvelles, ou plutôt « douze nouvelles réunies en un roman » comme le veut l’éditeur. Soit. Mais ce livre est bien d’un genre hybride. Son auteur aussi : Sénégalais, né à Paris, d’origine italienne.
D’entrée, Fabrizio Terenzio nous introduit dans un petit village, un quartier en bordure de mer, « lieu malfamé et craint par les imbéciles épouvantés par le fantasme d’un féroce concubinage entre brigands et esprits du mal, coupeurs de tête, fumeurs de chanvre, et déments en tout genre ».
Tout au long de ce livre et de ses aventures – de Dakar en Casamance et de la Casamance en Gambie – Terenzio raconte son expérience d’Européen. Il analyse, il cherche sans cesse à cerner les comportements, les faits et les événements même lorsqu’on lui rappelle, sans méchanceté, qu’il est un étranger et ne peut pas comprendre certaines choses.
Il rapporte les échos de la vie dans ces endroits particuliers à travers de petites histoires, souvent décousues les unes des autres, tantôt un petit garçon saugrenu, tantôt un fou ou encore la mort d’un homme seul et abandonné par sa famille…Bref, des bribes d’instants, de vies, relatées et décrites avec une certaine profondeur, avec un certain sens du détail.
Et plusieurs personnages éphémères, passagers, viennent animer cet ouvrage dans lequel l’auteur tente de nous emporter. Dans cet œuvre « autobiographique », Terenzio relate son quotidien de musicien, de trompettiste, au sein d’un orchestre dont il décrit les membres avec une certaine froideur, un certain cynisme dont il fait montre tout au long de son œuvre. Cet orchestre avec lequel il vit maintes expériences, maints périples, jusqu’au New Jeswang en Gambie.
L’arbre à musique de Fabrizio Terenzio est un labyrinthe. Son auteur est en proie à une sorte de mysticisme, de superstition, de choses immatérielles et imaginaires qui lui donnent finalement un ton psychédélique (n’y voyez rien de malsain); l’œuvre traduit un certain psychisme, une rêverie dans laquelle on pourrait se perdre par moment.
Spontané et dénociateur
Cependant, Terenzio se montre, par moment, dénonciateur, en évoquant certains sujets comme la notion et la situation d’étranger qui revient souvent dans ce livre. Il n’épargne pas les hommes politiques qu’il évoque, une fois encore, avec ce cynisme qui lui colle à la plume.
Fabrizio Terenzio apparaît aussi dans ce roman comme un auteur spontané, qui écrit les mots en première intention, qui écrit comme il pense.
Son livre a été publié cette année aux Editions Amalion.