La pollution générée par les secteurs d’activité économique est largement débattue aussi bien par la communauté scientifique que par le monde des médias. Mais s’il y a un secteur dont on parle peu ou pas du tout quand il s’agit d’émission des GES, c’est bel et bien le secteur du numérique.
La conférence COP27, qui se tient cette année du 6 au 18 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, réunit les États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ainsi que des milliers d’expert.e.s, de journalistes et de représentant.e.s d’ONG et du secteur privé.L’objectif affiché de la conférence est de favoriser la collaboration entre toutes les parties prenantes en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’aider à assurer une transition juste vers une économie nette zéro qui réduit la pauvreté et contribue à assurer un avenir durable.
Les gaz à effet de serre (GES), c’est quoi ?
Les GES peuvent provenir de sources aussi bien naturelles qu’artificielles. De grandes quantités de méthane et de dioxyde de carbone sont émises naturellement dans l'air par les volcans, les feux de forêt et la décomposition de la matière organique. En revanche, depuis la révolution industrielle, vers 1750, les humains se sont mis à émettre de grandes quantités de GES avec le développement rapide des industries, des transports et des activités agricoles.Ainsi, la « couche isolante » atmosphérique devient de plus en plus épaisse à mesure qu’on émet des GES. Cela fait en sorte que davantage de chaleur reste emprisonnée près de la surface de la Terre et la température augmente sur la planète ! On appelle ça le réchauffement climatique. Ce dernier entraînera des changements importants comme la hausse du niveau des mers, la fonte des glaciers, la perte de certains écosystèmes, des périodes d’inondation et de sécheresse plus importantes, ainsi qu’un climat beaucoup plus versatile.
Les principaux grands secteurs de l'économie qui génèrent des GES dans le monde sont, dans l'ordre décroissant, la consommation d'énergie dans l'industrie (24,2%), l’agriculture, la sylviculture et l’utilisation des sols (18,4%), la consommation d'énergie dans les bâtiments (17.5%), les transports (16,2%), les processus industriels directs (5,2%) et les déchets (3,2%).
La pollution générée par ces secteurs d’activité économique est largement débattue aussi bien par la communauté scientifique que par le monde des médias. Mais s’il y a un secteur dont on parle peu ou pas du tout quand il s’agit d’émission des GES, c’est bel et bien le secteur du numérique.
Surfer sur Internet, utiliser une application, regarder une vidéo en streaming, envoyer un e-mail, commander en ligne… Toutes ces activités qui nous paraissent aujourd’hui tout à fait naturelles ont un impact énorme sur l’environnement en termes de pollution et en consommation d’énergie.
De quoi s’agit-il ?
La pollution numérique renvoie à la pollution engendrée par les nouvelles technologies. La fabrication de nos outils numériques, leur utilisation, ainsi que le fonctionnement du réseau internet génèrent des polluants (des GES notamment).Le numérique regroupe trois composantes : les terminaux (les ordinateurs, les smartphones, etc.) le réseau et les espaces de stockage. 85 % de l’impact du numérique proviendrait de la fabrication des terminaux, 10 % du réseau et 5 % du stockage.
Si la fabrication des terminaux est aussi à mettre sur le compte de l’activité industrielle globalement parlant, le fonctionnement d’internet est, à lui seul, à l’origine d’une partie non négligeable de GES. Pour qu’internet fonctionne, il faut bien qu’il y ait des datacenters* pour stocker toutes les données (qu’il faut alimenter en électricité et refroidir), des réseaux (des câbles, etc.), des équipements (box, routeurs, etc.).
Si internet était un pays, il serait le 6ème plus gros pollueur mondial et le 3ème plus gros consommateur d’électricité au monde avec 1500 TWH par an.
Chiffres importants :
- Selon l’étude Green IT, le numérique représente 4 % des émissions de GES dans le monde.
- Les datacenters consomment 1 % de l'électricité mondiale, et contribuent à 0,3 % des émissions de CO2 dans le monde.
- Selon Statista, plus de 306 milliards d'e-mails ont été envoyés par les utilisateurs de messagerie en 2020, dont un peu moins de 50 % de spams.
- Il y a environ 3.9 milliards d’utilisateurs réguliers de messagerie életronique dans le monde (Statista)
- Le visionnage de vidéos en ligne a généré en 2018 plus de 300 mégatonnes de CO2. Ce qui correspond à un pays comme l’Espagne (Ademe).
- En 2025, le nombre d'utilisateurs de l'internet mobile dans la région Mena devrait atteindre environ 357 millions, contre 264 millions en 2019 (Statista).
Des solutions pour la pollution numérique ?
Sur une échelle personnelle, il est recommandé de prolonger la durée de vie de tes appareils électroniques et d’éviter d’acheter toutes les nouveautés sur le marché. Il est également recommandé de privilégier le Wifi sur la 4G, qui consomme 23 fois d’énergie, de débrancher ta box Internet quand tu ne l’utilises pas, d’opter pour des solutions de stockage responsable, et d’optimiser tes e-mails (nettoyer ta boite de réception, se désabonner des newsletter inutiles, limiter les pièces jointes, etc.).Pour faire des recherches sur un internet, par exemple, un nombre de plus en plus grandissant d’internautes utilise Ecosia, qui est un moteur de recherche qui consacre une partie de ses bénéfices à la plantation d'arbres dans le monde entier. D’autres optent pour le data detox afin d’optimiser la sécurité de leurs données digitales et réduire leur empreinte numérique.
De leur côté, les entreprises sont appelées à 1) améliorer l’indice de réparabilité des appareils pour les rendre plus durables ; 2) produire moins de nouveautés et ne pas encourager sans cesse à l’achat du dernier appareil sorti ; 3) favoriser l’éco-conception, c’est-à-dire tenir compte de l’impact écologique probable d’un produit dès la phase de sa conception. C’est le cas notamment de Fairphone, un fabricant d'électronique néerlandais qui conçoit et produit des smartphones avec l'objectif d'avoir une empreinte environnementale plus faible et un meilleur impact social que ce qui est commun dans le secteur.