Sept artistes congolais présenteront au travers de sept œuvres inédites, sept visions de Kinshasa en 2050, sept projections de ce que sera l’homme, la ville, la création et la vie dans cette citée. L'exposition était organisée dans le cadre du festival du futur en mai 2017, « Kinshasa 2050 » sous le commissariat de Nadine Siegert, Université de Bayreuth et Iwalewa Haus.
Fauteuil YaKin
Iviart Izamba zi Kianda
Sculpture métal, cellule solaire (2017)
Iviart Izamba: Fauteuil YaKin (détail, 2017)
| Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut
Kinshasa 2050, a un univers mosaïqué, un environnement paradisiaque, une ville cosmopolite, branchée à la mouvance de l’évolution de la technologie, une ville mouvementée, chaleureuse avec ses bruits dissimilés, espace urbain équilibré et séduisant, une ville confrontée à une contradiction entre le planifié et le spontané, dans de nombreux sens. Dans ce contexte pluridimensionnel, « Fauteuil YaKin » sert de mobilier urbain, futuriste et intelligent. Le siège géant permettra aux usagers dans un espace public de ne pas seulement s’assoir mais également de se connecter aussi à Internet via un réseau Wi–Fi incorporé dans le mobilier. De plus, cette sculpture fonctionnelle porte en elle certains éléments décoratifs et figuratifs collés, expliquant les inventions de Kinshasa en 2050.
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24 NOVEMBRE 2050
Noah Matanga Buaki
Installation de bouteilles, vidéo animée et 15 photographies digitales (2017)
Noah Matanga: 24 novembre 2050 (détail, 2017)
| Photo: Goethe-Institut Kinshasa
Kinshasa est une ville de contrastes où coexistent côte à côte des secteurs résidentiels et commerciaux huppés, des universités, des camps militaires et des bidonvilles. Entre la commune de la Gombe et la commune Lingwala on trouve l’Avenue de la Libération (ex 24 novembre). A Kinshasa, le 24 novembre 1965 est une date qui symbolise le coup d’Etat militaire. Depuis, l’Avenue est devenue le lieu de nombreuses activités et est un axe stratégique en reliant les principales routes qui relient les communes périphériques au centre-ville. Le projet s’inscrit également dans un contexte de changement voire de révolution, initiés par la modernité. Nous croyons que l’Avenue du 24 novembre nécessite une intervention sur les plans urbain et environnemental en apportant un appui au développement technologique de la ville de Kinshasa en 2050. On projette via logiciel 3D une autre visuel dans un environnement de la ville du futur. La vidéo dont le fond sonore a été réalisée à l’aide de bouteilles en plastique à moitié remplies d’eau.
LIQUÉFACTION DE L’HOMME
Wilfried Luzele Vuvu
Installation multimédia et chanson, 2017
Wilfried Luzele: Liquéfaction de l’homme (2017)
| Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut
« En 2050, l’homme est redevenu spermatozoïde. L’excès de sexe qui a causé ça, sawami zowami zowa, bloque. Une histoire très compliquée, tu ne croiras pas, tu penseras que je suis drogué (…) On vit dans des immeubles en matériaux inoxydables, la ville est devenue formidable. Les spermatozoïdes circulent partout dans les fils, partout dans la ville. Notre ville a bravé les forces de l’apesanteur (…) »
Le projet et une fiction psychédélique et poétique pour se plonger dans le futur de sa ville et de son pays. Ce monde post apocalyptique sera plus intrigant qu’inquiétant, il portera en dérision les scénarii catastrophes véhiculés par les médias. Des costumes, sculptures, décors et accessoires seront fabriqués spécialement pour le tournage. Pour ce projet, Wilfried Luzele collabore, à toutes les étapes du processus de création, avec l’artiste plasticienne Lucille de Witte qui l’aide à transporter son univers musical et scénographique dans le champ de l’art contemporain.
RÉALITÉ FICTIVE
Joycenath Tshamala
Technique mixte, 2017
Joycenath Tshamala: Réalité Fictive (2017)
| Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut
Le monde en 2050 fera face à une technologie dont le niveau de développement sera sans précédent. Majoritairement dans les films de science-fiction, les sujets sont fantastiques et le monde est souvent représenté au travers d’un environnement en danger. L’homme devant la nature, devant le surnaturel, contre lui-même… Toutes ces thématiques se rencontrent dans mon œuvre, avec Kinshasa que je considère comme telle.
Kinshasa 2050 présente une ville métamorphosée et transformée non seulement dans le domaine urbain mais surtout par les habitants qui la peuplent, des hommes métamorphosés ou subissant la pesanteur des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication). Des hommes ouverts au monde et aux cultures universelles dans une ville où les mentalités sont changeantes et la culture mosaïque. Des hommes transformés par un environnement transformé qui fait d’eux des « avatars ». L’artiste ou le créateur de ce temps, envahit ou immergé dans un environnement mi-fictif mi-réel dans lequel s’affronteront les kinois dans le cadre de conjonctures pimentées par le développement numérique et digital.
CYBER_NKISI connecté à NGANGANAUT
Hilary Kuyangiko Balu
Installation multimédia, 2017
Hilary Balu: Cyber_Nkisi connecté à Nganganaut (2017)
| Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut
Kinshasa est une ville cosmopolite, culturelle, économique et politique. Sur le plan historique, elle est formée de toutes les ethnies Congo. Ce travail est un réappropriation de l’imaginaire kongo, l’imaginer avec l’imaginaire électronique et tenter de le proposer dans un concept futuriste. En même temps, ce projet loue cet héritage biologique et spirituel, artistique et scientifique, laissé par ses anciens. « CYBER_NKISI ou NGANGANAUT » est un croisement, un mixage et en même temps une cohabitation entre deux univers, l’un tiré de la culture kongo et l’autre tiré de la culture numérique, qui se mêlent pour naviguer dans un nouveau concept, hybridant entre la spiritualité et la technologie. Le projet propose une vision technologique bien plus avancée que celle actuelle, en s’appuyant sur la mythologie africaine et plus précisément sur la vie des sociétés traditionnelles du royaume kongo. Mythologie racontant la sorcellerie, la divination, la télécommunication, le mode de déplacement qui se faisaient aux travers des objets magico-spirituels tels que la statuette nkisi ou fétiche à clou, le cauris, lokole ou Poso Ya nguba. Des objets à clou qui jadis étaient utilisés comme un objet de commande à distance et de contrôle, ayant les mêmes fonctions qu’ont un clavier d’ordinateur ou une télécommande aujourd’hui.
LE NKISI POST-HUMAIN
Kongo Astronauts
Sculpture multimédia (2017)
Kongo Astronauts: Le Nkisi post-humain (2017)
| Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut
En 2050, la population aura doublé. Il est certainement utopique de penser que la dévastation de la faune et de la flore et les déplacements de population vers la capitale liés aux conflits autour des ressources naturelles de la RDC auront cessé. Simultanément, de grands déséquilibres entre les hommes et la nature changent le climat de la planète. Ce projet s’inscrit donc plus dans une vision de prise de conscience des réalités auxquelles nous devons faire face. Le monde change trop vite, quel engagement réel et solide pourra nous permettre de nous adapter à la transformation en cours des modes de vie face aux déferlements des technologies ? Alors que l’unique source naturelle qui semble encore nous appartenir est notre matière grise, nous pouvons nous demander pour combien de temps encore ? Comment les technologies affectent nos pensées et nos manières de voir le monde. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle civilisation que certains nomment le post-humain à l’ère du transhumanisme.
KK2050
Jean-Jacques Tankwey Mulut (dit Tankila)
Canapé connecté multifonctionnel, 2017
Jean-Jacques Tankwey: KK2050 (2017)
| Photo: Catherine Trautes | Goethe-Institut
En 2050, Kinshasa sera la ville de tous les superlatifs, « la plus belle », ultra connectivité, possédera plus de Smartphones connectés, les réseaux téléphoniques les plus développés et l’Internet le plus rapide d’Afrique. Elle sera à la pointe de la Robotique, de la technologie du futur et formera la nouvelle génération à la nouvelle technologie. Des millions de personnes se déplaceront du nord-sud, d’est en ouest, à l’aide d’un réseau de transports urbains propre : train à grande vitesse à commande autonome avec ondes wifi les plus rapides, des bus électriques seront partout dans toute la ville... oui! Kinshasa sera Digital City, ville connectée, ville intelligente.
Le canapé d’aujourd’hui est muet, sourd, aveugle, immobile, non tactile, mais en 2050, nous aurons des canapés nouvelle génération : le canapé Kin Kitoko 2050 « kk 2050 » kaka ! Est une exclamation, étonnement en tshiluba, un canapé intelligent, robot, compagnon de l’homme : qui va parler plusieurs langues, écouter, rouler, sentir, examiner les humeurs, informer l’homme sur son état, sera monsieur dictionnaire, va calculer, sera gestionnaire des intérieurs, connecter à la ville et au monde. Il va vous saluer le matin comme le soir, vous donner le temps qu’il fait et l’heure qu’il est, la température corporelle des utilisateurs, le poids… Nous pourrons faire des photos et vidéos, écouter de la musique en streaming et par Bluetooth, nous connecter sur internet, sur le satellite le plus proche, par lui écouter la radio, voir la télévision, téléphoner. Il devient autonome, capteur et générateur d’énergie, c’est à dire qu’il ne dépend pas des intérieurs mais a un générateur d’énergie propre via lequel une centaine d’usagers peuvent se connecter par ordinateurs, tablettes, iPhone.