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Musa N. Nxumalo
Après le vernissage de l’exposition « Peregrinate », le sud-africain Musa Nxumalo a animé un atelier pour les jeunes photographes. Dans cette interview, il parle de son grand idole et des difficultés de photographier à Kinshasa.
L’exposition « Pergrinate » présente le travail de trois photographes : les Sud-Africains Thabiso Sekgala et Musa N. Nxumalo, et la Kenyane Mimi Cherono Ng’ok. Cette exposition a été conçue comme le point culminant de leur participation au portfolio-atelier du Goethe-Institut, la Master Class de Photographie. Musa est basé à Soweto. Son travail explore la culture de la jeunesse, l'identité et le voyage vers la découverte de soi.
Comment es-tu devenu photographe ?
Pendant mes années d'école secondaire, j'étais très impliqué dans les magazines hip-hop et de culture jeunesse. Mon principal intérêt a été dans la musique et tout ce qui entoure la musique, comme les festivals, les vidéos de musique et les vêtements, mais pas le "Fashion". Je n'ai pas eu le privilège de choisir une carrière, c'était déjà tout tracé que j'étais dans la culture dès ma jeunesse et par mon amour pour les magazines, un de mes amis m'a parlé de Market Photo Workshop, qui offrait des bourses par la soumission d'un portefeuille et par des entretiens. Donc, c'était soit profiter de cette occasion, ou de travailler des petits boulots ou se retrouver sans travail / carrière comme la majorité des jeunes dans mon pays.
Tu as travaillé avec de jeunes photographes de Kinshasa lors d'un atelier. Si tu regardes en arrière quand tu as commencé en tant que photographe, quelles sont certaines choses que tu souhaites quelqu’un t’avait dit ?
Nous allons appeler ça des « erreurs » pour le bien de cette entrevue, mais il y avait plus de leçons pour moi. Je pense que l’un des plus importants est de ne pas laisser aller sa source de revenu lorsqu’on est occupé à travailler à la construction de sa carrière en tant qu’artiste.
Ton travail montre un réel intérêt de représenter des jeunes à Soweto.
Pour moi, ce n'est pas les Jeunes de Soweto, c’est sont les Jeunes du continent africain. Cela semble trop ambitieux, je le sais. Mais j'aimerais parler des questions de jeunesse du continent d'un point de vue d'initié. C’est impressionnant de réaliser les ressemblances durant mes séjours dans diverses villes du continent, grâce à des programmes comme celui-ci. Je suppose que d'une certaine façon, j'essaie de briser les frontières entre les voix et des identités de la jeunesse africaine
Qui est un modèle pour toi, ton photographe préféré ?
J’adore Ernest Cole, un photographe sud-africain qui je pense a trouvé son chemin. Parfois quand je travaille, ou que je prévois de sortir pour faire mon travail, je m’imagine être Ernest Cole. Je me dis que je veux créer des images qui vont parler fortement pendant mon cours, je comprends que ces photos que je crée sont beaucoup plus importantes que moi, personnellement, beaucoup plus importantes que les médias sociaux. Ce sont des documents historiques qui vont vivre bien plus que jamais. C’était ça l'esprit d'Ernest. J’admire cette âme.
Quels ont été les plus choquants - dans le bon comme dans le mauvais sens du mot - les photos qui tu as été présentées pendant l’atelier ?
Je n’ai pas vu des images qui étaient choquantes en soi, c’était plutôt une déception que j’ai connue. J’ai été déçu par l’idée qu’il est difficile pour les photographes de sortir dans les espaces publics et de photographier leur réalité ou une photographie pour exprimer leur réalité. Cela a été beaucoup plus saisissant pendant l’atelier, au moment où j'ai donné le briefing, et que j’ai montré une partie de mon travail, il y a eu une résistance immédiate pour aborder les questions politiques. Je me suis senti un peu désavantagé sur ce point pendant l’atelier, qui était d’amener les artistes à s’exprimer sans restriction à la réponse au thème « Anthologie de la jeunesse ».