Encore plus des murales à Washington, DC
We Are Anacostia
« We Are Anacostia », tel est le titre d'une nouvelle œuvre d'art d'environ 60 mètres de longueur, qui se trouve dans le quartier du même nom. Son titre apparaît en lettres majuscules blanches sur un fond bleu ciel. On dirait presque une exclamation qui demande à être entendue. « Nous voici - les habitant.e.s d'Anacostia ! Regardez ! » Au milieu de cette inscription frappante, on reconnaît des personnes de tous âges. L'artiste Luis Peralta Del Valle, qui s'est inspiré de la communauté d'Anacostia, montre les habitant.e.s du quartier à l’aide d’une ligne du temps. On y voit par exemple deux jeunes enfants s’intéressant à d'objets liés à la technologie et aux sciences. Mais l'œuvre d'art montre également un jeune couple avec un message clair : « Don't mute us. Housing for us matters », peut-on lire sur une affiche qu'ils tiennent devant eux. « We Are Anacostia » présente en outre des Américain.e.s qui ont marqué les habitant.e.s de ce quartier, comme Marion Barry ou Frederick Douglass. L'œuvre entraîne ainsi ses spectateurs et spectatrices dans un voyage dans le temps qui montre que les questions urgentes concernant une plus grande justice sociale et des logements abordables ont été posées il y a longtemps. Mais les réponses, elles, se font encore attendre aujourd’hui.
Lifting as We Climb
« Lifting as We climb » de Cita Sadeli, aka Miss Chelove | © Cita Sadeli aka Miss Chelove, Photo: Mike Maguire Dans le quartier de Ward 8, une nouvelles œuvre d’art urbain porte sur un tout autre thème. Réalisée par trois femmes de couleur, cette installation composée de fresques murales célèbre le centenaire du droit de vote des femmes. Les artistes y ont utilisé le violet et le doré, les couleurs du mouvement féministe. Mais cette œuvre montre plus qu'il n'y paraît au premier coup d'œil. Elle rappelle que si le 19e amendement de la Constitution a permis aux femmes blanches de voter à partir de 1920, les femmes noires, elles, ont continué à se heurter à des obstacles. Bien que les femmes de couleur aient pris part au mouvement féministe, certaines d'entre elles n'ont obtenu le droit de vote qu'avec le Voting Rights Act de 1965. Aujourd'hui encore, selon le Washington Post, les personnes de couleur peinent à exercer leur droit de vote en raison par exemple des longues queues et du temps d'attente devant les bureaux de scrutin.
CROWN Act
Vous avez déjà entendu parler du CROWN Act ? Le CROWN Act a été créé en 2019 pour mettre fin à la discrimination liée aux cheveux en milieu de travail et dans les écoles publiques. Bien qu'il semble incroyable qu'une telle loi ait dû voir le jour, seuls treize États l'ont adoptée jusqu'à présent. Elle garantit la protection des différentes textures et styles de coiffure, comme les tresses, les boucles, les torsades ou les chignons. Et c'est précisément ce que reprend l'œuvre d'art urbain « CROWN Act » de Candice Taylor. On peut la voir dans le quartier d’Anacostia, chez Busboys and Poets, une entreprise construite en grande partie par des femmes noires qui y travaillent à tous les niveaux. Cela montre clairement que les cheveux n'affectent pas leur capacité à exercer un emploi. Pourtant, la discrimination envers les corps et les coiffures des Noirs a été et est encore aujourd’hui hautement problématique dans nombre de lieux de travail et d’écoles aux États-Unis.
Go-Go City
« Go-Go City » de Kaliq Crosby | © Kaliq Crosby, Photo: Mike Maguire Dans le quartier de Shaw, qui a été le théâtre d’une bataille autour de la musique, de la culture et du traitement accordé à ses habitant.e.s, se déploie aujourd'hui l'une des œuvres d’art urbain les plus colorées de la ville. Elle rend hommage au Junk Yard Band, aux Soul Searchers et à d'autres groupes légendaires qui ont contribué à l'émergence de la musique go-go et de la culture qui en a découlé. Cette œuvre de l'artiste Kaliq Crosby a été peinte à la bombe sur le mur d'un complexe immobilier coûteux à usage mixte, situé en face d'un commerce connu pour sa musique go-go bruyante. La peinture murale est une riposte à une plainte déposée prétendument par un habitant du quartier qui trouvait la musique trop forte. Cette plainte a déclenché un mouvement d'activisme. Ainsi, pendant des soirs, le mouvement a attiré des riverain.e.s qui ont manifesté et dansé, au son de la musique go-go, bien entendu. Une pétition demandant la réintroduction de cette musique a recueilli, selon les organisateurs, plus de 80 000 signatures provenant des 50 États américains et de 94 pays. Beaucoup ont vu dans cette plainte un symbole de l'éviction des habitant.e.s de Washington et de leur culture par de nouveaux.elles arrivant.e.s.
Das D.C. Walls Festival
Du 8 au 18 septembre 2021 s’est tenu pour la sixième fois le Street Art Festival D.C. Walls, qui a attiré des artistes locaux, nationaux et internationaux. Ce festival en plein air a permis au public d’admirer de nombreuses murales inédites et exceptionnellement variées, comme par exemple l'œuvre de l'artiste américano-vénézuélienne Ally Grimm, de Denver. Son travail traite de la montée de l'ère technologique à travers le prisme de l'expérience humaine. Son art, influencé par les sons de la musique électronique, reprend l'énergie et le mouvement d'une piste de danse bondée et les traduit en lignes et motifs fluides.