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« Paste ups de protestas Feministas » de Sofia Weidner

Paste ups de protestas Feministas Teaser © Daniel Espinoza Cisne

Une affiche blanche recouvre l’une des planches qui forment une barrière autour de l’Ange de l’Indépendance, un monument de Mexico qui se trouve sur la grande avenue Avenida Reforma. Les panneaux doivent masquer ce qu’une société macho ne veut pas nous montrer.

Mais l’affiche dévoile ce qu’on indique derrière les planches : chaque jour, neuf femmes sont tuées au Mexique. L’artiste s’appelle Sofia Weidner, elle s’est donné pour tâche depuis trois ans de montrer dans ses œuvres les féminicides qui ont lieu au Mexique.
 
Son travail se caractérise par des contours fins et épurés, de longues lignes qui forment des courbes pour représenter des visages féminins ou des corps de femmes, et elle y ajoute une phrase qui se transforme en une véritable introspection : « Peut-être te sens-tu seule parce que tu t’es quittée toi-même », dit l’une de ses œuvres les plus célèbres. La phrase se trouve au-dessus d’un visage rond pourvu d’un regard perdu.
  • Paste ups de protestas Feministas: Feminicidio, Mente Luna, Acoso Sexual 1 © Daniel Espinoza Cisne
  • Paste ups de protestas Feministas: Feminicidio, Mente Luna, Acoso Sexual 2 © Daniel Espinoza Cisne
  • Paste ups de protestas Feministas: Feminicidio, Mente Luna, Acoso Sexual 3 © Daniel Espinoza Cisne
  • Paste ups de protestas Feministas: Feminicidio, Mente Luna, Acoso Sexual 4 © Daniel Espinoza Cisne
  • Paste ups de protestas Feministas: Feminicidio, Mente Luna, Acoso Sexual 5 © Daniel Espinoza Cisne
Sofía commente, à propos de ses travaux de collage (la technique consistant à apposer des affiches ou des pochoirs dans la rue) : « Ce qui m’a beaucoup dérangée, c’est qu’on parle, dans les actualités, de meurtres et non de féminicides. J’ai alors compris que le terme n’était pas très connu. J’ai commencé ma carrière dans le Street Art parce que je voulais montrer dans l’espace public ce qu’était un féminicide ».
 
Depuis trois ans, Sofía diffuse son œuvre dans tout Mexico. La discussion est plus actuelle que jamais car le mouvement féministe et ses partisan-es veulent changer les structures hétéro-patriarcales dans lesquelles nous vivons. Toute chose qui n’est pas nommée n’existe pas. C’est pourquoi il est important de regarder sur un mur de Mexico par exemple une affiche sur laquelle on peut lire une définition issue d’une encyclopédie :

Féminicide
m, crime haineux qui repose sur le meurtre d’une femme pour la raison qu’elle est une femme.
 
Aussi douloureux que cela soit, telle est la réalité au Mexique.


À propos de l’artiste

Sofia Weidner © Daniel Espinoza Cisne Sofía a commencé ses paste up il y a trois ans. « J’ai pensé au départ que si je ne le faisais pas, personne au Mexique ne le ferait », dit-elle. Comme elle ne limite pas son message aux réseaux sociaux, mais veut atteindre un plus large public, elle a décidé de coller ses illustrations sur les murs, motivée par « la frustration et la colère qu’on ne parle pas assez des féminicides. Je voulais confronter le monde avec quelque chose qui est produit par ce même monde », explique-t-elle.

Même si Sofa est designer textile et illustratrice, c’est sa volonté de diffuser son message qui  l’a poussée au Street Art. La technique du paste up a jusqu’ici bien fonctionné dans son cas et elle s’est aussi trouvée face à de grands défis : « Je ne peux pas réaliser mon travail partout, ce n’est pas légal. J’essaie toujours d’utiliser des murs où je n’endommage rien. J’ai personnellement du respect pour les bâtiments anciens car ils me plaisent beaucoup. Parfois, je fais des collages sur des planches de chantier. J’ai des amis qui ont été emmenés par la police et, franchement, je ne voudrais pas que cela m’arrive. Je travaille vite et suis de plus en plus adroite », commente-t-elle.

 

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