« Transatlantic » est une mini-série originale allemande de Netflix basée sur le roman « The Flight Portfolio » de Julie Orringer. Le roman et la série sont basés sur l'histoire vraie du journaliste américain Varian Fry et de l'Emergency Rescue Committee (Comité de secours d’urgence), qui a aidé plus de 2000 réfugié.e.s, dont de nombreux artistes et intellectuel.le.s, à fuir les nazis en France à l'époque du régime de Vichy.
Le décor passe avec succès le test du temps : l'aménagement du célèbre Hôtel Splendide - le tournage a eu lieu sur le site original - et la mode de l'époque prennent vie devant la vieille ville de Marseille. Rien n’arrête Mary Jayne Gold, l’assistante de Varian Frey : ni sa mission ,ni son style. La fête d'anniversaire de Max Ernst à la campagne devient un spectacle surréaliste haut en couleur, les costumes et la décoration sont poussés à l'extrême avec beaucoup de fantaisie, jusqu'au jeu de tarot inspiré par les surréalistes et spécialement conçu pour la série, y compris une carte représentant Gertrude Stein en caniche.
Ces réfugié.e.s ont besoin d'aide, et personne d'autre ne lève le petit doigt. Je n’ai pas besoin de meilleure raison.
Varian Fry dans « Transatlantic »
En revanche, la représentation stéréotypée de certains personnages pose problème. Les spectateurs et spectatrices n'apprennent jamais, ne serait-ce qu'en partie, pourquoi Chagall était un artiste révolutionnaire ou pourquoi Hannah Ahrendt et Walter Benjamin ont changé à jamais les discours sur la philosophie et la théorie de la culture. Walter Benjamin devient une caricature de lui-même : un homme âgé confus, qui se comporte comme un enfant et a renoncé à la vie. On découvre trop peu le personnage pour développer une réelle empathie pour son destin.
Les histoires d'amour, en partie fictives et en partie inspirées de faits réels, occupent en revanche une place non négligeable dans la série. La diversité joue un rôle important, et on s'efforce visiblement de représenter différentes perspectives. Malheureusement, certaines scènes d'amour paraissent parfois rigides, caricaturales et trop recherchées. Dans l'ensemble, il y a toujours des moments où l'on a l'impression que la série essaie de réunir différents genres, peut-être trop même.
Ce que signifie être apatride et devoir fuir son pays d'origine sont des thèmes malheureusement très réels pour de nombreuses personnes de notre époque. Ce lien avec le présent et le traitement artistique d'un chapitre non approfondi de la Seconde Guerre mondiale méritent cette attention.
Marseille, 1940, après la chute de Paris. Transatlantic sert de toile de fond à l'Amérique de l'après-guerre et de parabole à la lutte pour son âme. Les réfugié.e.s sauvé.e.s par l'ERC comptaient parmi les plus grands artistes et intellectuel.lle.s de l'Europe, dont André Breton, Hannah Arendt, Marcel Duchamp, Max Ernst et Marc Chagall - c’est assez pour vitaliser un grand pays, comme l'a dit un jour Victor Serge. Et c'est exactement ce qu'ils ont fait : ils ont contribué à faire des États-Unis le cœur culturel du monde après la Seconde Guerre mondiale. Plus remarquables encore étaient les membres inconnus de l'ERC eux-mêmes : une poignée de jeunes gens, à la fois américains et européens, qui ont forgé un itinéraire de fuite à travers les Pyrénées, naviguant dans un champ de mines composé de la police locale, d’une bureaucratie byzantine, des services secrets britanniques, des diplomates américains et des débuts de la résistance française.
Réalisation : Stéphanie Chuat, Véronique Reymond et Mia Meyer d’après d’Anna Winger et de Daniel Hendler.
Productrices exécutives : Camille McCurry & Anna Winger;
Interprètes principaux : Gillian Jacobs, Lucas Englander, Cory Michael Smith, Gregory Montel, Ralph Amoussou, Deleila Piasko, Amit Rahav und Corey Stoll.
Autres interprètes : Moritz Bleibtreu, Alexander Fehling, Jonas Nay, Lolita Chammah, Jodhi May, Rafaela Nicolay und Henriette Confurius
regarder « Transatlantic » au Canada
sur NETFLIX
Août 2023