Les Schtroumpfs, un succès d’exportation Nés en Belgique, modelés en Allemagne
Les figurines de plastique inspirées de l’œuvre du dessinateur bruxellois Peyo proviennent de l’usine Schleich située à Schwäbisch-Gmünd. Cette entreprise allemande est l’un des plus grands fabricants de jouets au monde.
Le Schtroumpf Cadeau par exemple. On pourrait aussi l’appeler le Félicitaschtroumpf ou encore le Schtroumpf Voici pour toi. Dans sa main gauche, il tient une boîte jaune de la taille d’un dé, ornée d’un ruban rouge – un cadeau sans le moindre doute. Les petits doigts de sa main droite entourent trois fleurs. Son sourire laisse entrevoir sa petite langue, rendue par une pointe de couleur rouge. Le jaune, le rouge, le vert, le noir et évidemment le bleu schtroumpf font de cette petite figurine en plastique de 5,5 centimètres la petite attention pour une occasion spéciale pour laquelle on n’a pas forcément envie d’offrir un gros cadeau ni un vrai bouquet de fleurs. Un présent plutôt symbolique comme ce Schtroumpf qui représente un monde où l’imagination ne connaît aucune de limite. Il existe différentes figurines : le Schtroumpf sur son skateboard ou celui sur sa planche à voile, celui qui soulève des haltères, qui s’apprête à lancer une boule de bowling ou encore le Schtroumpf qui joue de la guitare. Ils incarnent également les signes du zodiaque, lorsque par exemple ils arborent une queue de scorpion, ou encore ces figurines de plastique jouent une scène du film des Schtroumpfs. Par ailleurs, depuis la sortie du troisième volet de leurs aventures sur grand écran, Les Schtroumpfs et le village perdu, une série de Schtroumpfs féminins a vu le jour par exemple, les amies de la Schtroumpfette, un des personnages principaux du dernier film. Sur les forums en ligne ou dans les cercles de fans, les collectionneurs observent ce changement dans l’univers des Schtroumpfs. À l’heure actuelle, on peut déjà retrouver plus de 750 figurines sur leurs étagères. En tout cas, jusqu’à présent, ces différentes figurines ont toutes été développées par le fabricant de jouets allemand Schleich, situé à Schwäbisch-Gmünd.
Des lutins tout droit sortis du Moyen-Âge
Les figurines en plastique des Schtroumpfs accessibles à tous viennent donc d’Allemagne. Du moins le prototype, et ce depuis déjà 1965, soit sept ans après l’arrivée des lutins bleus dans l’univers de la bande dessinée dans une aventure imaginée par Pierre Culliford, alias Peyo. Né à Bruxelles en 1928, le Belge était l’un des principaux dessinateurs du Journal de Spirou dans les années cinquante. Le magazine publiait régulièrement la série Johan et Pirlouit dont l’intrigue se déroule au Moyen-Âge. Un jour, dans une scène en plein cœur de la forêt, Peyo fit apparaître les Schtroumpfs avec leur pantalon et leur bonnet blancs. C’est ainsi que les Schtroumpfs sont nés et qu’ils furent bientôt les héros de leurs propres aventures. L’album La Flûte à six schtroumpfs rencontre contre toute attente un grand succès. Il n’a pas fallu longtemps à ces petits lutins bleus pour conquérir le monde avec leur drôle de manière de s’exprimer et pour devenir un succès à l’exportation. Étant donné que le mot « Schtroumpf » ne fonctionne pas dans toutes les langues, ils ont été rebaptisés dans les différents pays. Aux États-Unis par exemple, on les appelle les Smurfs, en Italie les Puffi, au Japon les Kumafu. En Allemagne, comme leur nom était beaucoup trop semblable au Strumpf que les Allemands enfilent sur leurs pieds (les chaussettes), les petits lutins au bonnet pointu se sont schtroumpfés en Schlumpf dans les pays germanophones.
Une origine schtroumpfante
L’histoire qui se cache derrière l’origine du nom est en réalité des plus schtroumpfante. En vacances en famille, Peyo aurait demandé au dessinateur Franquin de lui passer le sel lors d’un repas. Comme le mot salière ne lui revenait pas, « schtroumpf » lui aurait échappé. Ils auraient immédiatement commencé une conversation de Schtroumpfs, et leur vocabulaire s’étoffa au fil des jours. Déjà du vivant de Peyo, décédé en 1992, les aventures des lutins bleus ont rencontré un succès grandiose. Peyo avait deux modèles : Hergé, le père de Tintin et Milou, et Walt Disney, le père de Mickey Mouse et de bien d’autres personnages de dessin animé. Du premier, Peyo imita le graphisme aux lignes claires et la réduction à l’essentiel. Le second lui aura donné l’idée de mettre ses personnages également à l’écran et de créer une ligne de produits dérivés. C’est là que l’entreprise Schleich entre en jeu.
De la poupée au Schtroumpf
Schleich est l’un des principaux fabricants de jouets en Allemagne et le leader mondial parmi les fournisseurs de figurines de jeu. L’entreprise doit son nom à Friedrich Schleich, qui dès 1946, lança sur le marché du jouet les poupées rembourrées constituées de bois et de fil de fer. Au début des années cinquante, il expérimenta de nouveaux jouets à base de caoutchouc mousse et commercialisa à partir de 1960 des figurines de plastique à base de PVC. En 1965, l’entreprise gagna une renommée internationale grâce à la production des Schtroumpfs.
Un travail à la main de plusieurs semaines
Jusque aujourd’hui, chaque prototype de nouveau personnage nécessite des semaines de travail à la main. Premièrement, un modèle en pâte à modeler est produit à partir d’un croquis avant d’être coulé en silicone afin d’obtenir un modèle en cire. Une fois la modulation de ce dernier terminé, jusqu’à atteindre la forme parfaite, la figurine peut être reproduite dans le processus de coulage. Difficile à croire, pourtant, chaque Schtroumpf est peint à la main. Le modèle est conservé au siège de l’entreprise dans le Bade-Wurtemberg, d’autres sites de production se trouvent en Bosnie, en Moldavie, en Roumanie, en Tunisie et en Chine. Les Schtroumpfs sont donc de véritables citoyens du monde : nés en Belgique, modelés en Allemagne et produits en Afrique ou en Chine. Si l’on regarde sur la plante des pieds du Schtroumpf Cadeau, on peut lire : « Schleich Germany, made in China ».