Nous sommes maintenant purifiés et savons que tout n'était pas bon. Plus personne ne pourra nous séduire aussi vite.
Stefanie Schrank, « Dude, what the fuck…? »
Connue du public allemand comme artiste plasticienne et bassiste du groupe Locas in Love, de Cologne, Stefanie Schrank se tourne pour son deuxième album intitulé Schlachtrufe BRD vers une pop aussi futée que minimaliste, qui puise sa force dans la tranquillité. Le punk rock est cependant le terreau de ses chansons tantôt personnelles, tantôt politiques, de véritables petits bijoux. Le titre de l'album est emprunté à celui d'une compilation de hardcore et de punk rock allemands de 1990, dont la sélection était si radicale qu'elle valut à la télévision publique allemande un avertissement pour textes incitant à la violence. Comme publicité, on ne pouvait demander mieux : Schlachtrufe BRD est devenu un album culte.
Les synthétiseurs analogiques sont omniprésents - les fans de cet instrument seront particulièrement ravis - et particulièrement dans quelques-uns des morceaux instrumentaux les plus forts de cet album malheureusement un peu trop court.
You, Me, We, Baby
Digitalism, « Magnets »
C'est en achetant des disques que Jens Moelle et İsmail Tüfekçi se sont rencontrés à Hambourg. Ils se sont trouvé des similitudes en matière de préférences musicales et ont entamé leur projet musical commun, Digitalism. Influencés musicalement par Philippe Zdar (Cassius), l'une des figures centrales de l'underground dance français des années 90, ils ont signé un contrat avec le label français Kitsuné et sont devenus, au même titre que Justice, LCD Sound System ou Rapture, l’un des groupes de indie dance les plus populaires de la fin des années 90, avec leur grosse caisse retentissante (on dit qu'il s'agit littéralement de dizaines de sons superposés) et des séquences de synthétiseurs au son clair comme du cristal. Leur premier album, Idealism, sorti en 2007, paraît aujourd'hui dans une « Anniversary Edition » élargie et intitulée Idealism Forever.
Je cherchais la beauté. Bien sûr, (...) la beauté peut être superficielle, et quelque part il est plus facile d’utiliser le langage des conflits. (...) Mais j'en avais assez des conflits. J'aspirais à la paix.
F.S. Blumm à propos de son album « Torre »
C'est avec le plus grand contraste possible que se poursuit le Popcast de ce mois, et plus précisément avec Frank Schültge aka F.S. Blumm. Depuis 1998 déjà, ce guitariste de formation classique parcourt l'underground musical allemand en tant qu'artiste solo à la créativité infinie, avec des dizaines de collaborations à son actif, notamment avec le multi-instrumentiste Harald « Sack » Ziegler et le pianiste de renommée internationale Nils Frahm, sur le label duquel Leiter a sorti ce nouvel album. F.S. Blumm a enregistré les guitares sur la Riviera italienne « dans les moments de silence entre les cloches de l'église du village et les aboiements des chiens », il y a ajouté une basse/contrebasse, des claviers, des voix et un mélodica, en plus de s’assurer le soutien de la violoncelliste Anne Müller et du clarinettiste Michael Thieke pour les 13 morceaux de cet album qui échappe à toute classification.
Dans son sixième album intitulé Keine Intelligenz, Marten Laciny aka Marteria, qui a connu le succès dans sa jeunesse en tant que footballeur et ensuite comme mannequin (Diesel, Hugo Boss), fait ses adieux à Marsimoto , son alter ego toujours défoncé, qui s'associe librement et rappe avec une voix suraiguë. Le légèrement déjanté Marsimoto a d'abord servi à Marteria, qui compte parmi les rappeurs allemands les plus populaires, pour rendre hommage à Quasimoto, l'alter ego du rappeur américain Madlib, mais il s'est ensuite transformé en un projet parallèle nébuleux, dans lequel le plaisir de l'expérimentation a supplanté la raison musicale et le contenu. Mais Marsimoto est bien plus qu'un troll assourdissant, ses rimes inhabituelles sont des commentaires mordants sur l'actualité, qui sont plus faciles à formuler pour un bouffon masqué que pour une pop star comme Marteria.
Composé de Reiner Sladek et Lenz Lehmair, le duo électronique munichois 3 Sekunden a publié sur le légendaire label indie de Hambourg Zickzack un album qui rappelle la musique électronique sombre du début des années 90. Dans une atmosphère oppressante créée par des synthétiseurs analogiques surchargés et désaccordés, émettant constamment des pulsations, Lenz Lehmair compose la base sonore qui convient à la voix de baryton de Reiner Sladek, tantôt parlée, tantôt doucement chantée. Nourri des échos de DAF et de Suicide, Der deutsche Frühling est théâtral et troublant dans le meilleur sens du terme, sans pour autant sonner comme une sombre copie de ce qu'on appelait autrefois l'EBM.