Le popcast de novembre commence de manière sombre, en accord avec la météo en général de cet automne en Allemagne. Des images en noir et blanc qui se superposent, des rues désertes etmouillées par la pluiela nuit, de jeunes hommes à l'air sombre, seuls et habillés en noir, un chant presque crié fait de phrases autocritiques et semi-ironiques, la guitare basse droite, grinçante, caractéristique du post-punk, et un synthé légèrement désaccordé qui se morfond d'ennui : Isolation Berlin ne recule pas devant les clichés, comme le nom du groupe l’indique. Sur leur sixième album, Electronic Babies, leur premier avec une grande maison de disques, ils prouvent une fois de plus la précision avec laquelle ils composent leurs hymnes nihilistes ainsi que leur remarquable sens musical et le grand soin apporté à leurs arrangements, comme par exemple les intermèdes de guitare intelligemment conçus, les percussions tonitruantes, et l'électronique, toujours subtile et extrêmement efficace.
Qui se souvient encore du fantastique duo Gurr ? Alors vous avez une longueur d'avance, car dans ce popcast, nous vous présentons Andreya Casablanca, l'une des deux membres du duo. Sur son premier album solo, See More Glass, elle déchaîne sa New Wave Icone intérieure, avec des voix cool et distantes, une batterie Linn et une guitare new wave minimaliste. Le résultat est une œuvre pop pour guitare à la fois mélodieuse, accrocheuse, de style légèrement garage, intemporelle et digne d'un hit. Seule une petite poignée de musiciens invités a pu l'accompagner lors de l'enregistrement, l'artiste s'étant chargée elle-même de la majeure partie des enregistrements.
Depuis son premier album en 2017, la Berlinoise Ebru Düzgün est connue sous le nom d'Ebow, une chanteuse et rappeuse entre le hip-hop, le R&B et la pop.Au-delàde la qualité de la production de l’album, pas toujours évidente dans ce genre, des arrangementsréalisés avec amour,remplis de synthés scintillants, des chants brillants et des raps les plus cohérents depuis Cora E. [rappeuse allemande; ndlr], cette architecte de formation se place à un tout autre niveau en termes de contenu et de textes. FC Chaya (un nom utilisé par les adolescents pour désigner,selon le contexte, une jeune femmejolie ou snob) est un manifeste du féminisme queer, une œuvre pleine d'assurance d'une femme en pleine émancipation, au centre de laquelle se trouve sa propre histoire, Ebru's Story (voir l'excellente vidéo si-bas), dans laquelle elle décrit son coming out queer, allant des premiersmoments où elle s’est sentie différenteà sondéménagement dans une autre ville pour pouvoir être elle-même, jusqu'à l'acceptation finale de sa famille. Un récit puissant pour tous ceux et celles qui ont peut-être encore un chemin similaire à parcourir.
L'approche de G. Rag & die Landlergeschwister est très différente, mais tout aussi subversive. Andreas Staebler, alias G. Rag, est propriétaire d'un magasin de disques à Munich. Il a réuni autour de lui une bande de musiciens de fanfare, et ce groupe, qui compte parfois jusqu'à 16 personnes, transforment des chansons connues, mais aussi des chansons folkloriques, en musique de fanfare, le tout de manière extrêmement entraînante. Connus pour leurs anciennes versions de Das Modell de Kraftwerk ou de Der Räuber und der Prinz de DAF, ils ont même fait rocker quelques chapiteaux à bière cet automne afin de libérer la musique traditionnelle bavaroise pour instruments à vent de sa réputation de musique ringarde. Ce faisant, des chansons du grand Hank Williams trouvent régulièrement leur place dans leur répertoire éclectique. Les notes souvent mélancoliques de cette troupe ont une énergie énorme, elles ont constamment un aspect moderne et n'ont pas peur de se frotter à des genres voisins comme la pop ou le jazz : une musique de cuivres traditionnelle pour des temps meilleurs, comme ils le décrivent eux-mêmes dans leur info !
C'est de Cologne que vient le quintette électronique soul/jazz Salomea, qui, malgré son attitude profondément détendue, se sent également chez lui dans la pop et le hip-hop. Cela semble à première vue assez conventionnel, mais le groupe évite habilement l'écueil de l'arbitraire et cache dans la plupart des 17 chansons et skits (pratiquement aucun d’entre euxne fait plus detrois minutes) de petites expérimentations, de petits moments faisant éclater les genres et des sons surprenants. Au-delà de la compétence technique des instrumentistes et de la chanteuse qui a donné son nom au projet, Good Life est avant tout une œuvre d'art agréable et puissante, pleine d'énergie positive.
