Ce mois-ci avec la musique de:
Public Display of Affection | The Mad ExpressAnna Erhard | Radicalis
Emma Lee M.C. & Roccwell | Ill Adrenaline Records
Jichael Mackson | Ilian tape
Soft Violet | Alien Transistor
Auteur: Ralf Summer
Locateur (Anglais): David Creedon
Voix de femme haut-parleur (Anglais): Louise Hollamby Kühr
Débridé, arty et peu conventionnel, minimaliste, touffu et malin. Public Display of Affection a combiné l'art du punk avec les esprits de la pop pour guitare et du trip hop, toujours porté par les extraits vocaux chantés et murmurés, excitants mais rarement excités, de Madeleine Rose, dans lesquels on peut parfois déceler l'influence de Bianca Casady de Coco Rosie. Connus aussi pour leurs spectacles live endiablés, ils ont réussi avec Expressions Of Obsessions, leur premier « vrai » album, à capter cette énergie (comme on dit) et à offrir une expérience intense dont la mesure dépasse largement la somme de leurs compétences textuelles (impeccables !) et musicales.
Un exemple vivant de collaboration harmonieuse (no pun intended) germano-américaine sans barrières ni droits de douane : la rappeuse Emma Lee M.C. de Harlem, le producteur munichois Roccwell et la maison de disques Ill Adrenaline du New Jersey ont en commun l'amour du hip-hop classique, avec des échantillons jazzy, ces grosses caisses cartonnées et ces caisses claires trébuchantes aux multiples facettes. C'est un son qui n'a jamais vraiment disparu et qui, aujourd'hui encore, sonne toujours frais et audacieux. Vu sous l'angle actuel, il s'agit d'une période musicale novatrice, détendue et pleine d'expériences fructueuses. Sur le relativement court Chocolate Bars, les deux compères font preuve d'un flair certain pour ce genre et fournissent bien entendu tous les arrangements instrumentaux de leurs morceaux aux rappeuses et rappeurs en herbe pour la prochaine fête de quartier.
C'est sur une « surface d'acier » que Soft Violet pose son électro scintillante dans ce premier album, intitulé Sterner Stuff, une œuvre chatoyante, exigeante et éraillée. Elle ne se laisse pas abattre, au contraire, elle transforme la douleur et la négativité en un puzzle onirique, composé de petits morceaux techno et de grandes pensées. Sûre d'elle et ludique, cette multi-instrumentiste annonce le matriarcat en français, anglais, arménien et allemand. L'artiste plasticienne Veronica Bernuthian, à l'origine du projet, possède un catalogue impressionnant d'expositions et a été, en tant que guitariste, membre fondateur du groupe post-punk munichois révolutionnaire Friends of Gas, dont elle a toutefois dû se séparer l'année dernière en raison d'un comportement inacceptable à son égard.
L'âme ensoleillée (« went to the spa with my ma forgot my swimsuit had to wear a bra ») et l'esprit créatif de la Berlinoise d’origine suisse Anna Erhard sont au centre de l'action de ce nouvel album, intitulé Botanical Garden, une collection d’airs obsédants pop-folk fantastiques, toujours un peu fous. Les mini-histoires pittoresques des neuf chansons, leurs arrangements élaborés avec amour et leur instrumentation fantaisiste emmènent le public émerveillé dans l'univers imparfait de sa créatrice, une artiste qui maîtrise parfaitement son métier jusque dans ses moindres recoins. Un musicien très connu en Allemagne, Pola Roy, ancien batteur du groupe allemand à succès Wir Sind Helden, fait partie du projet en tant que producteur, musicien et auteur-compositeur. Une tournée en Grande-Bretagne est confirmée pour l'année prochaine, où ils ont pu se constituer une base de fans considérable, ce qui est plutôt rare pour un groupe allemand.
Le producteur et DJ munichois Boris Steffen aka Jichael Mackson (que certains connaissent certainement aussi sous le nom de Monaco Jam and Sista Bob) fait partie intégrante de la scène électronique allemande depuis 2003 déjà, avec des titres sur Pastamusik, Phictiv, Liebe*Detail ou le label Musique Risquée d'Akufen. Son approche ensoleillée des possibilités de la production électronique est toujours garante de morceaux dynamiques, mais sur Wait For It, son premier album (après toutes ces années !), il montre toute l'étendue de son talent. Des très épaisses surfaces de musique d’ambiance à la house rebondissante, en passant par la tempête expérimentale de glitch (sur, par exemple, le morceaux X-Mas Card), on peut se réjouir d'une œuvre réussie à tous les niveaux, qui fait même honneur à ses standards techniques élevés.