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Yunan
Un film qui donne espoir

Georges Khabbaz, Hanna Schygulla dans « Yunan » d'Ameer Fakher Eldin
Georges Khabbaz et Hanna Schygulla dans « Yunan » d'Ameer Fakher Eldin | © 2025 Red Balloon Film, Productions Microclimat, Intramovies

« Yunan » est une co-production allemande et canadienne. Mais de nombreux autres pays y ont également contribué, comme le Qatar, la Palestine, la Jordanie et l’Arabie Saoudite. Il s’agit du deuxième volet d’une trilogie écrite et réalisée par le brillant Ameer Fakher Eldin.

De Kelly-Anne Vargas et Colin St-Jean

Yunan était présenté en première mondiale à la 75e Berlinale, en compétition officielle. Si le film est vraiment d’une très grande beauté, il contient beaucoup de longueurs. Mais dans le contexte actuel des tensions politiques en Allemagne et dans l’Europe en général, on lui pardonnera ce petit écart, puisque le message du film est essentiel en ce moment.

Réalisateur Ameer Fakher Eldin

Réalisateur Ameer Fakher Eldin | © Martin Kunze

Dans Yunan, on accompagne le personnage de Munir, un auteur arabe vivant à Hambourg qui décide de partir loin de chez lui sur une île en Allemagne pour passer à l’acte final : son suicide. Il n’arrive plus à écrire et souffre d’un malaise récurrent qui l’empêche de respirer. Sans parler du fait que sa mère souffre de l’Alzheimer et qu’elle ne le reconnaît plus. Sur l’île, il finit par rester dans un petit hôtel dont les propriétaires sont une vieille femme et son fils. Avec la vieille femme, Munir va se créer une connexion d’amitié et va s’éloigner de son but premier petit à petit. C’est cette connexion forte entre un homme arabe et une femme blanche qui donne tout son sens à ce film magnifique en ces temps troubles dans lesquels nous vivons.

Beauté et laideur

Dans le film Yunan, le spectateur peut observer plusieurs contrastes entre la beauté et la laideur. Le film contient plusieurs plans très larges montrant des paysages et l’île sur laquelle se déroule l’histoire. Ces plans montrent l’île qui est d’un vert assez foncé et aux alentours, nous pouvons observer la mer qui commence à monter. La mer est bleue et elle paraît pâle comparée à l’île. Ces plans sont remplis de beauté, ce qui fait un très grand contraste avec la quête du personnage et le sujet très sensible et lourd du suicide. Mais la beauté dans ces plans peut être interprété comme étant un présage concernant le dénouement de la trame narrative. Aussi, dans le film, l’île sur laquelle se trouve le personnage principal, se fait inonder, mais, encore une fois, les plans utilisés pour montrer l’inondation sont sublimes et les couleurs utilisées sont apaisantes. Cette catastrophe est une très belle métaphore de l’état du personnage de Munir. Même dans la façon de montrer les dommages causés par les inondations, le réalisateur a réussi à garder une beauté et une douceur dans les plans choisis, ce qui n’est pas chose facile à accomplir.

Jeu d'acteur phénomenal 

En supplément à une cinématographie magnifique, le jeu d’acteur contribue énormément à la beauté de ce film, car il ne faut pas oublier la lenteur et le fait que c’est un film assez contemplatif. Alors, avoir un jeu émotif et nuancé constitue un facteur important. Les acteurs ont accompli leurs rôles à merveille. L’acteur principal Georges Khabbaz (Munir), dans son rôle, a réussi à apporter de l’authenticité et de la profondeur au personnage. Il réussit à nous faire comprendre pourquoi il s’est rendu à penser à l’acte final et certains ont même pu se reconnaître dans ce beau personnage complexe. Aussi, pour continuer sur les acteurs, la complicité entre le personnage de Munir et la vieille dame jouée par Hanna Schygulla était quelque chose d’unique et de beau à voir. On sentait vraiment le lien qui se rattachait entre les deux grâces au naturel des acteurs. Cette complicité nous donne de l’espoir pour l’avenir du monde, et c’est parfois à ça aussi que sert le cinéma.

Bref, Yunan est un de nos gros coups de cœur de la 75e Berlinale. C’est un film lent et contemplatif, mais d’une beauté visuelle et sonore inouïe. C’est un film qui fait du bien et ça semble de plus en plus rare aujourd’hui…