Werner Herzog sur Goethe on Demand
La quintessence d'un réalisateur de films d'auteur

Beaucoup ne connaissent Werner Herzog que comme le réalisateur un peu fou qui a travaillé avec l'acteur hautement controversée Klaus Kinski. Le 5 septembre 2022, il fétait son 80e anniversaire, et le Goethe-Institut lui consacre une série de films sur Goethe on Demand.

De Chris Wahl

En Allemagne, il est encore presque exclusivement célèbre - et tristement célèbre - pour sa collaboration avec Klaus Kinski. À ce jour, même Mein liebster Feind (1999) est son plus gros succès au box-office en Allemagne. Il s'agit d'une rétrospective personnelle de Herzog sur les cinq films qu'il a réalisés avec l'acteur, décédé en 1991, entre 1972 et 1987.

CRISE PERSONNELLE ET INCOMPRÉHENSION PUBLIQUE

Herzog était déjà tombé dans une sorte de trou créatif lors du tournage de trois ans avec Kinski sur Fitzcarraldo (1982). Il était probablement aussi quelque peu épuisé par les attaques incessantes auxquelles il a dû faire face en Allemagne depuis Auch Zwerge haben klein angefangen (1970). Il a notamment été accusé d'exploiter des personnes sans défense pour la narration de ses films. Du point de vue d'aujourd'hui, la plupart de ces attaques, qui ont culminé lorsque Herzog a été traité de « fasciste », sont non seulement indéfendables mais aussi incompréhensibles à l'extrême. Même dans les années 1970 et 1980, il y avait des jugements équilibrés, mais ils étaient difficiles à entendre à côté des invectives bruyantes.

Herzog a mis fin à cet état de crise personnelle et d'incompréhension publique en émigrant en Californie au milieu des années 1990, où il vit encore aujourd'hui. D'abord presque inaperçu du grand public, il est parvenu à y construire une seconde carrière, basée davantage sur les documentaires que sur les longs métrages. Herzog a percé avec ses documentaires hautement stylisés et mis en scène avec Grizzly Man (2005), qui a remporté de nombreux prix aux États-Unis et a également connu un grand succès auprès du public international - mais pas en Allemagne. Dans son pays d'adoption, Werner Herzog est désormais une étoile dont l'accent allemand est parodié avec reconnaissance dans tous les médias disponibles. En 2009, le magazine Time l'a sélectionné comme le seul Allemand, avec Angela Merkel, dans sa liste annuelle des 100 personnes les plus influentes.

INDÉPENDANCE DE L'AUTEUR FILMEUR

En Allemagne, en revanche, Herzog n'a attiré à nouveau l'attention de façon soutenue qu'au début de l'année 2010, lorsqu'il a pris la présidence du jury international de la Berlinale et qu'il a en même temps cédé son patrimoine à la Deutsche Kinemathek. Il a même fait la promotion de Cave of Forgotten Dreams (2010) dans le Harald Schmidt Show.

Le personnage d'Herzog, son image publique, peut difficilement être séparé de ses films. Il n'y a certainement pas de réalisateur au monde qui soit dans le métier depuis aussi longtemps (depuis 1962), qui ait fait autant de films (plus de 60 au total), qui ait travaillé dans différents pays et systèmes de production (Allemagne et États-Unis, cinéma et télévision) et qui ait gardé autant de contrôle sur ses productions que Werner Herzog. S'il y a quelqu'un qui est l'exemple même du cinéaste d'auteur, c'est bien lui. À cet égard, tous ses films sont thématiquement et esthétiquement fortement liés les uns aux autres, ainsi qu'à la personnalité et à la vie de Herzog. Moritz Holfelder, rédacteur au Bayerischer Rundfunk, a pris cette observation comme point de départ de sa biographie de Herzog à l'occasion de son 70e anniversaire - qui a toutefois été écrite sans le consentement du réalisateur.

LA BIOGRAPHIE

C'est un grand plus de ce livre que Holfelder ne dissimule pas mais documente l'histoire de sa création, c'est-à-dire aussi les tentatives du demi-frère et manager de Herzog, Lucki Stipetic, de conserver la souveraineté de l'interprétation sur Werner Herzog et donc de voler à Holfelder des interlocuteurs potentiels. Parmi ceux qui ont néanmoins parlé avec Holfelder, son ancien condisciple et ami Wolfgang von Ungern-Sternberg et le réalisateur Alexander Kluge en particulier fournissent des informations intéressantes qui contribuent à une certaine démythification. Par exemple, Kluge note que la caméra utilisée par Herzog pour tourner ses premiers films lui a été empruntée et est toujours en possession de Kluge aujourd'hui. Herzog, quant à lui, a affirmé avoir volé sa première caméra.

Ce qui n'apparaît presque pas dans la biographie de Holfelder, en revanche, c'est la période américaine de Herzog. Toute personne souhaitant en savoir plus sur ce film et sur les films d'Herzog devrait se référer à un certain nombre d'autres publications parues depuis le début des années 2000.