Cinq DJ/producteurs en studio, en club, sur scène. Mais aussi des réflexions personnelles sur leurs carrières et sur le monde de la musique électronique en général. Entre les deux : des clubs vides en plein jour, des pistes de danse bondées la nuit, des aperçus des coulisses et de la vie quotidienne. Ce sont les éléments qui composent Denk ich an Deutschland in der Nacht. Le documentaire de Romuald Karmakar dresse le portrait de Ricardo Villalobos, Sonja Moonear, Ata, Move D et Roman Flügel. Il jette aussi un regard sur la musique en général et sur la musique de club en particulier, souvent à partir d’un point de départ très personnel.
Pour Move D, originaire de Heidelberg, par exemple, le souvenir d’une enfance où l’air s’engouffrait sous une porte a déclenché une excursion dans toute une cosmologie musicale. La DJ genevoise Sonja Moonear se sert de son propre passé de clubbeuse pour expliquer comment la force unificatrice de la musique de danse électronique transcende et relie les nationalités et les générations. Ata, de Francfort, se souvient de la façon dont la musique de Kraftwerk et les disques prêtés par son voisin, un soldat américain noir, ont façonné sa personnalité musicale, et comment l’Allemagne et les États-Unis se sont influencés dans le développement de la house et de la techno.
Actifs depuis les années 1990, les personnages du film parlent de leurs expériences, de leur sous-culture et de son évolution. Les aspects historiographiques, sociologiques et philosophiques sont ramenés à la réalité par l’artiste en action, qu’il soit seul en studio, qu’il affronte la foule depuis la cabine du DJ ou qu’il improvise avec d’autres musiciens sur la scène. Denk ich an Deutschland in der Nacht est le quatrième documentaire de Romuald Karmarkar sur la techno et les styles musicaux qui lui sont liés. Après 196BPM (2002), Between the Devil and the Wide Blue Sea (2005) et Villalobos (2009), le film offre le témoignage le plus complet du réalisateur sur une sous-culture en constante évolution.
Romuald Karmakar, né à Wiesbaden, vit et travaille à Berlin. Il travaille sur des longs métrages (Der Totmacher, Manila, Die Nacht singt ihre Lieder), et sur des documentaires (Warheads, Das Himmler-Projekt, Hamburger Lektionen, Villalobos).
Son œuvre a été honorée dans les principaux festivals internationaux de cinéma (Venise, Berlin, Locarno, Toronto) et a été présentée dans plusieurs rétrospectives (Musée autrichien du film; BAFICI, Buenos Aires; Jeonju IFF, Corée du Sud; Cinéma du Réel, Paris). En 2013, Karmakar a été invité, avec Ai Weiwei, Santu Mofokeng et Dayanita Singh, à représenter l’Allemagne à la 55e Biennale d’art de Venise (pavillon allemand). En 2014, il a reçu le prix DEFA-Foundation pour « une réalisation exceptionnelle dans le cinéma allemand ». En 2017, il a été invité à participer à la documenta 14. Romuald Karmakar, ancien élève de Harvard, est membre de l’Akademie der Künste Berlin.
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