Chapitre 3
Berlin-Alexanderplatz - en direct à la télévison est-allemande
« C’est comme si quelqu’un avait ouvert une fenêtre », déclare, le 4 novembre sur l’Alexanderplatz à Berlin, l’écrivain Stefan Heym, résumant ainsi ce que ressentent les 500 000 personnes qui réclament aux gouvernants est-allemands une nouvelle orientation politique.
De Regine Hader et Dr. Andreas Ludwig
Les artistes de plusieurs théâtres de Berlin-Est appellent à manifester et attendent les manifestants. Pendant ce temps-là, les gens se serrent dans les couloirs du métro, transportent des banderoles enroulées entre leurs genoux et des panneaux dirigés vers le sol. Comme on l’a déjà vu à Leipzig et ailleurs les semaines précédentes, celles-ci sont très inventives, ironiques et expriment des revendications politiques diverses pour une réforme du socialisme en RDA. Avec des slogans comme : « Regardez le peuple en face » ou « Pas de privilèges pour les 130 000 valets de la Stasi », les manifestants s’adressent directement aux gouvernants est-allemands. Lors de la première manifestation critique envers le régime qui fut autorisée, les citoyens parviennent à reconquérir la rue. Et l’État laisse faire. La liberté et le changement enthousiasment la foule. Une bonne vingtaine d’orateurs, parmi lesquels on trouve des représentants officiels de la politique est-allemande, analysent la situation du pays et exposent leurs exigences. Le calme règne, jamais des manifestants n’ont été aussi attentifs lors d’une manifestation.
Les idées critiques résonnent au-delà de la place, jusque dans les foyers de la République toute entière : la télévision est-allemande émet en direct, montrant ainsi que le gouvernement est prêt à dialoguer. Personne ne sait si ce dialogue aurait finalement eu lieu et si la RDA serait devenue un pays démocratique car le Mur de Berlin tomba cinq jours plus tard. L’appel aux réformes à l’intérieur du pays se trouvait désormais sous la pression créée par l’ouverture de la frontière. Tandis que des centaines de milliers de personnes se rendaient à l’Ouest, la RDA se dissolvait de l’intérieur.
Un groupe de personnes se trouvant au milieu de la foule montre à quel point il est conscient de la valeur politique et historique de ses actions en rassemblant les banderoles à la fin de la manifestation et en les déposant devant le Museum für Deutsche Geschichte, le musée d’histoire officiel de RDA.
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