Sepake Angiama en résidence à Montréal
Écouter sa voix
La galerie SBC accueille en résidence la commissaire et éducatrice d’origine britannique Sepake Angiama, qui a été directrice de l’éducation pour la documenta 14 en 2017. Chercheure associée à BAK, Utrecht (basis voor actuele kunst), elle étudie à travers le projet de recherche Her Imaginary les façons dont la science-fiction et le féminisme peuvent constituer les outils parfaits afin de capturer une pédagogie de l’imagination sociale et politique.
“All struggles are essentially power struggles. Who will rule? Who will lead? Who will define, refine, confine, design? Who will dominate? All struggles are essentially power struggles, and most are no more intellectual than two rams knocking their heads together.” Octavia E. Butler
La voix comme expression de soi
Dans le cadre de la résidence d’Angiama, la galerie qui a été aménagée comme lieu dédié à la lecture, à l’écriture, aux projections, à la réflexion autour de la notion du self-care. La commissaire et éducatrice organise régulièrement des activités qui favorisent un contexte de proximité, engendrant des situations faisant éclore des conversations et des échanges. Par exemple, Angiama m’a révélé qu’elle a déjà instauré un groupe de tricotage qui fut une expérience très bénéfique pour tous les participant.e.s en raison du partage d’histoires qui en a découlé. Le dialogue représente un outil clé dans la démarche d’Angiama qui permet de centrer le moment présent.Au sein de la galerie SBC un rideau jaune délimite un espace intime et de douceur. Le sol est recouvert de duvet blanc, une plateforme de bois brut fait office de siège, une plante verte est disposée dans un coin. Le tout revêt une certaine allure théâtrale. En l’occurrence Angiama aspirait d’éviter de créer un espace trop domestique. Dans cet environnement, elle coordonne un groupe de lecture : les participant.e.s lisent à voix haute des passages de livres : quelquefois, il se produit même des superpositions de voix. Angiama accorde beaucoup d’attention à la voix. La voix comme expression de soi : elle sollicite à écouter sa voix intérieure, donc soi-même. Elle renchérit sur l’importance du corps comme un site qui possède son rompre langage, qui se lit soit par la gestuelle, le timbre de la voix et sa réverbération, etc. Tout cela fait partie des éléments qui composent une conversation physique face à face. La voix est puissante et d’autant plus forte une fois réunie avec d’autres. Ce lieu de discussions encourage à parler et à se conditionner en mode écoute. À l’ère des réseaux sociaux, une réflexion sur la communication d’aujourd’hui devient précieuse.
Dans le réconfort de l’espace aménagé, Angiama souhaite aussi récolter des histoires provenant des visiteurs et partager avec eux des expériences. Elle questionne entre autres avec eux comment ils imaginent le futur avec l’automatisation et l’intelligence artificielle grandissante, au moment où les machines parlantes semblent de plus en plus intelligente. Les possibles futurs se retrouvent probablement dans un type de collaboration mais à condition de préserver sa propre voix.