Mary Ocher à Montréal
Échouée sur nos rivages
De passage à Montréal dans le cadre d’une tournée Nord-Américaine, Mary Ocher, musicienne et multi-instrumentiste vivant à Berlin, a livré une prestation incroyable au Quai des Brumes le 17 mai passé!
The West against its own people, The West against every citizen of every territory that is not The West, and every citizen of every territory that is not The West against itself, as well as against The West.
Mary Ocher
Vêtue d’un flamboyant costume muni de dorure, elle s’est produite en concert accompagnée de deux talentueux percussionnistes, Stefan Widdess et Oliver Rivera-Drew. Ce qui nous rappelle que Ocher a l’habitude de s’entourer de deux batteurs au sein de la série d’épisodes qu’elle présente sur l’Internet, intitulée Between Two Drummers, où elle interviewe un ou une invité(e) en studio, assis au milieu du duo de percussionnistes Your Government.
Au cours de ma recherche sur Ocher, j’ai découvert ces petites capsules vidéos humoristiques, voire absurdes : le langage corporel austère et les expressions faciales pensives, que l’artiste arbore, étaient tout à fait présents pendant la prestation live de son concert.
Les chansons d’Ocher développent, avec une voix claire et bien portante, des sonorités électroniques démontrant une palette d’influences musicales très variées, explorant la pop, le folk, le psychédélique, etc. Certaines pièces dévoilent de douces mélodies épurées au clavier, telles que To the Light, d’autres couvrent un large spectre de fréquences aux rythmes appuyés très énergiques et dynamiques, souvent même dansants. Nombre de ses chansons comportent un contenu à caractère socio-politique, parfois teintées de mélancolie, comme “I was born a stranger and a stranger I will die” qui nous fait réfléchir sur l’actualité des migrants, tellement présente en Europe.
Les thèmes socio-politiques occupent une place centrale dans ta musique. Quels sont les moments forts de l’histoire qui t’inspirent le plus? Quelles sont tes motivations à pousser les causes sociales?
J'ai grandi dans une société sévèrement hypocrite, prétendant encourager la paix et corriger une injustice, mais il n'était pas difficile de voir, qu'en réalité, c'était tout promouvoir par l'égalité, utiliser la violence en prêchant contre elle, peindre l'ennemi en chacun et en tout, et militariser les enfants dès leur naissance. Je suppose que passer des années dans des institutions religieuses a aiguisé mon sens moral, et comme je suis trop lâche pour me faire arrêter en signe de protestation, j'écris des chansons à ce sujet. Une escalade dans ces conditions exactes avait rendu le contenu de mon travail peut-être plus pertinent, mais c'est plus malheureux que chanceux, du moins pour tous les autres.
Quelles femmes artistes t’inspirent du point de vue musical?
Delia Derbyshire, Bruce Haack, Buffy Sainte-Marie, Scott Walker, Eartha Kitt, beaucoup du No Wave, de nombreuses collections d'enregistrements réédités en Afrique de l'Ouest dans les années 70.
Comme multi-instrumentiste, quel est ton instrument préféré et pourquoi?
Je n'ai pas vraiment d'instrument favori, en ce moment j'apprécie beaucoup le Synth du Korg, Minilogue, mais j'essaie de ne pas être trop à l'aise avec un instrument particulier pour ne pas faire la même chose encore et encore, c'est très tentant.
Les visuels de tes vidéo-clips sont très beaux, très bien maîtrisés, que recherches-tu à créer comme expérience?
Merci ! Il y a beaucoup de gens impliqués, généralement les meilleures vidéos sont faites par quelqu'un d'autre. Nous essayons de porter la musique sur une autre plaine, en y ajoutant des visuels, rien de plus.
C'est qui, Mary Ocher ?
Mary Ocher est née le 10 novembre 1986 à Moscou, en Russie, mais s’est installée dans le Néguev en Israël en 1991. L’auteure-compositrice-interprète, poète, metteure en scène et artiste est maintenant basée à Berlin et à Hambourg, en Allemagne. Elle est mariée à l’artiste allemand Tom Plate.
Mary Ocher est connue pour ses textes de nature sociale, ses visuels exubérants et ses expérimentations vocales. Elle couvre une vaste gamme de genres musicaux et n’a cessé de créer une œuvre passionnée, sans compromis, brute, provocatrice, sociale et créative qui nage à contre-courant et traite de pouvoir, d’identité et de conflit.
Son œuvre est aussi envoûtante que polarisante, allant du folk traditionnel au garage rock des années 60, de l’ambiant aux chants éthérés et aux synthés abstraits, à la pop expérimentale aux rythmes africains et sud-américains.
Elle a sorti cinq albums au cours des six dernières années, ainsi qu’une double anthologie d’enregistrements maison, deux microalbums et deux collections de remix. Son album solo précédent a été produit par King Khan, gourou du rock‘n’roll psychédélique canadien. Son album plus récent, « The West Against The People », est sorti sur Klangbad, le label de Hans Joachim Irmler du groupe Faust. On y trouve des morceaux en solo, ainsi que des morceaux avec ses deux batteurs Your Government et les légendes insaisissables Die Tödliche Doris et Felix Kubin. On y trouve également un essai développant les thèmes de l’album et analysant le climat sociopolitique actuel.
Discographie
Albums
- War Songs (Haute Areal 2011)
- Eden (Buback Tonträger 2013)
- Mary Ocher + Your Government (Klangbad 2016)
- Faust Studio Sessions And Other Recordings (Klangbad, Sing A Song Fighter 2017)
- The West Against The People (Klangbad 2017)
- Man Of 1000 Faces (Haute Areal 2011)
- The Sound of War (Haute Areal 2011)
- On the Streets of Hard Labor (Haute Areal 2011)
- The Android Sea (Buback Tonträger 2013)
- Baby Indiana (Buback Tonträger 2013)
- I, Human EP (Buback Tonträger 2013)
- Man vs. Air (w/Your Government) (Klangbad 2015)
- Dream X3 (w/Your Government) (Klangbad 2015)
- To The Light (Klangbad 2017)
- Arms / Remixed (sr 2017)
The Fictional Biography of Mary Ocher - The home recordings (2006-2015)