Critique de film | Best of Berlinale
« System Crasher » : un récit de sensibilisation bouleversant
« System Crasher » est le récit de la vie tumultueuse d'une petite fille pour laquelle il ne semble pas y avoir de place pour grandir et s'épanouir. Notre critique du film traite de l’approche quasi documentaire et de l'excellente performance des acteur·rice·s qui ne peuvent guère laisser les émotions des spectateur·rice·s intactes.
De Maya Sapronov
Du haut de ses neuf ans, Benni valse entre les refuges pour « enfants difficiles » et les foyers d’accueil. Ses accès de colère l’empêchent de rester auprès de sa famille, elle est isolée et les seuls adultes présent·e·s autour d’elle sont un groupe d’d’intervenant·e·s désemparé·e·s face à son cas. Personne n’arrive à canaliser la rage de Benni et ses crises sont impossibles à calmer. « System Crasher » est le récit de la vie tumultueuse de cette petite fille pour qui il ne semble pas y avoir de place pour grandir et s’épanouir.
Un naturalisme touchant
« System Crasher » a presque l’apparence d’un documentaire tant sa forme a un style authentique. Les lieux, les décors et les costumes viennent notamment apporter une impression de réalisme, mais c’est aussi et surtout l’éclairage naturel et le jeu de caméra qui contribuent fortement à donner cet effet réaliste au film. La caméra n’est jamais fixe, ce qui donne l’impression au spectateur de faire partie de chaque scène. Cette dernière est également très proche des personnages de sorte qu’on entre dans leur intimité, ce qui crée un attachement encore plus fort à ces derniers. Bref, l’approche quasi documentaire décuple les émotions ressenties par le/la spectateur·rice.Des acteur·rice·s exceptionnels
Ce qui est le plus frappant dans le long-métrage de Nora Fingscheidt, c’est le jeu des acteur·rice·s, en particulier celui de l’actrice principale : Helena Zengel. Son jeu est tellement puissant, tellement crédible et sa présence à l’écran est tellement captivante qu’il est même difficile de garder en tête qu’elle est une actrice et que le tout n’est que fiction. Le jeu de Gabriela Maria Schmeide, dans le rôle de Mme. Bafané, qui est la seule à ne pas baisser les bras face à Benni, est aussi remarquablement touchant. Une de ses scènes a fait pleurer plusieurs personnes dans la salle. Ses émotions se transmettent au public instantanément tant son jeu est convaincant. Albrecht Abraham Schuch, l’acteur qui incarne Michael Heller, l’éducateur de Benni, offre aussi une performance à couper le souffle. Son personnage est attachant et bouleversant à la fois et Schuch l’interprète avec justesse. Pour tout dire, la performance des acteur·rice·s est à elle seule une excellente raison de regarder ce film incroyablement marquant.Le film est disponible sur Netflix.