Whess Harman

Whess Harman © Whess Harman

est Carrier Wit’at, une nation qui a été assignée à la nation Lake Babine par le gouvernement fédéral. Whess a été diplômé.e du programme BFA de l'université Emily Carr en 2014. Actuellement, Whess vit et travaille sur les territoires des Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh.

Whess Harman - Snaring © Whess Harman

Traduction française

La disparité entre les paroles et les actes est effrayante

Peux-tu nous dire ce que tu voulais transmettre avec cette œuvre ? Quelles idées ou sources d’inspiration as-tu voulu prendre en considération lors de sa création? 

J'ai retravaillé et réécrit mon scénario tant de fois : Au vu de la situation turbulente autour du pipeline de CGL et de mon implication dans les gestes de soutien aux chefs héréditaires de la nation Wet'suwet'en, mes sentiments conciliants ont été plutôt étouffés. J'essaie de rester optimiste et d'éviter un refus réflexe - mais la réconciliation telle qu’elle est actuellement demeure un projet de haut en bas entre le gouvernement colonial et les peuples autochtones.
 
Le déséquilibre des pouvoirs et la réticence à respecter des documents tels que l'UNDRIP ou les recommandations du Rapport Final de l’Enquête Nationale sur les Femmes et les Filles Autochtones Disparues et Assassinées rendent les choses telles que l'achat de pipelines, les plans de sauvetage de l’industrie pétrolière, les camps pour hommes pendant une pandémie et la candidature de Trudeau à un siège aux Nations Unies dangereux et hypocrite.
 
La disparité entre les paroles et les actes est effrayante, laissant les Autochtones pris au piège entre les dégâts et la douleur qui les accompagne. Mais abandonner la lutte n'est pas une option.

Pourquoi est-ce que le thème de la réconciliation est important pour toi ?

Je pense qu'il est important de parler de ce qu'est la réconciliation et de réfléchir sérieusement à ce à quoi elle doit ressembler et qui elle sert, car le mot lui-même est devenu un généralisation sans substance. Pour la population autochtone, la réconciliation doit offrir la possibilité de trouver des moyens de retourner sur leurs terres.  Il ne s'agit pas seulement de la terre au sens propre, à laquelle nous sommes redevables et que nous devons protéger, mais de réfléchir à la réparation qui doit avoir lieu au sein de nos communautés.
 
Nous aussi, nous sommes le territoire. Je veux qu’on en parle ; je ne suis pas intéressé par les relations actuelles avec le gouvernement de l'État. Tant qu'ils ne seront pas prêts à faire face à la dure réalité que présenter des excuses ne signifie pas qu'elles seront acceptées, je suis tout à fait favorable à me replier sur moi-même et à me concentrer sur le territoire et sur ceux que j'aime et qui travaillent pour le défendre.
 
À quoi ressemblait le processus créatif lors de la création de cette œuvre ? (La cartographies-tu dans un plan à l'avance, travailles-tu d'abord sur le texte, puis sur l'illustration ou vice versa? Tu peux également parler du support ou des méthodes que tu utilises pour créer l'œuvre.)

Je commence par mes scripts ; surtout avec des sujets comme ceux-ci, le premier jet est toujours beaucoup trop robuste pour tenir sur la page. J'essaie de ne pas trop compliquer mes croquis, en gardant à l'esprit que si je me plante vraiment, je peux soit recommencer, soit redessiner et réassembler les choses numériquement.
Tout est encré à la main, puis édité et colorié dans Photoshop. Il peut y avoir beaucoup de collages entre le début et le produit final. Mes croquis ont tendance à être surdimensionnés et sont découpés à la taille voulue, puis collés et scotchés pour obtenir une approximation de ce que doit être la mise en page.

Que souhaiterais-tu nous dire d'autre pour nous permettre de mieux comprendre ton œuvre ?
 
J'ai peur que ma bande dessinée ne soit révélatrice de misère plutôt que de complexité ! J'aimerais ajouter que malgré la peur constante et la surveillance policière qui accompagnent le fait d'amener son corps brun et queer à un blocus, un rassemblement ou une occupation, j'ai vécu certaines des expériences les plus intensément aimantes sur la ligne de front. Les relations qui s'y nouent, elles me semblent être une voie à suivre, et je crois en ce travail.
 

Whess Harman 

est Carrier Wit’at, une nation qui a été assignée à la nation Lake Babine par le gouvernement fédéral. Whess a été diplômé.e du programme BFA de l'université Emily Carr en 2014. Actuellement, Whess vit et travaille sur les territoires des Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh.

Whess Harmann utilise son travail comme un moyen d'interpréter les questions liées à l'identité et aux relations entre les peuples autochtones, ainsi qu'aux relations avec l'État colonisateur. En tant qu'artiste trans/non binaire d'origine ethnique mixte, Whess s'efforce de trouver son chemin à travers son anxiété et la mélancolie des gens non-binaires avec humour et un cynisme soigneusement entretenu.

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